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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 30La guitare dans tous ses états

La guitare dans tous ses états

Certains opposeront la notion de prix à mon argument. Les fabricants ne se posent la question du confort que depuis très peu de temps. L’un d’entre eux, evolutioMusic, propose, à un prix standard, une guitare ergonomique développée avec le plus grand sérieux. C’est donc faisable. Je leur accorde tout mon soutien, car ils respectent le principe et aboutissent le concept de la "guitare d’étude" : un instrument qui cherche, par tous les moyens, à gommer les aspects ardus, démotivants voire douloureux, de la guitare. Je vous incite vivement à consulter le dossier que j’ai consacré à ce concept dans le numéro 29 de Guitare Live… dont je vous livre, ici, un extrait :

"Bien que sceptique de nature, j’ai été immédiatement conquis par la guitare ergonomique. En un clin d’œil, au moment où on la prend contre soi, la plupart des points "qui font mal" sur une guitare classique disparaissent, comme par enchantement, comme d’un coup de baguette magique. Cela fait "tout chose" !

Le biseau de la table libère le coude. Celui du fond permet à la guitare de se caler sans angle contre la cuisse droite.

Autre constat d’importance : les caractéristiques sonores de la guitare ne sont pas le moins du monde défigurées."

Je conclurai sur une dernière remarque concernant les dénominations commerciales : méfiez-vous tout autant de la soi-disant guitare "de concert". On s’attend à rencontrer un instrument de très haut vol… et il n’en est rien… n’importe qui peut, dorénavant, badger un instrument à sa guise… Les pires guitares s'appellent bien souvent King, Virtuos, Gold, Grand Concert, Royal… autant de noms rencontrés sur des instruments épouvantables qui me sont passés entre les mains. Il faut à tout prix éviter de faire débuter, surtout les enfants, sur ces guitares pires que médiocres : elles sont mauvaises pour les doigts, mauvaises pour l'oreille, mauvaises pour la motivation, mortelles pour la musicalité - et elles retirent toute notion de valeur à la "chose".

 

6) L'avenir de la guitare est-il électrique et électronique ? L'usage de la main va-t-il évoluer avec l'apparition de gadgets comme le E-Bow ? Les guitares électriques vont-elles supplanter les classiques, les guitares vont-elles changer de forme, de sonorités ? Les jeux de mains vont-ils changer ?

L’évolution de notre instrument ne cessera jamais, et je suis bien placé pour le savoir ; en fondant, en 2002, l’electroclassic (www.electroclassic.com), j’ai travaillé dans cette optique de continuité et d’avancée, tout en mariant deux domaines réputés "incompatibles". Je suis, bien évidemment, loin d’être le seul à explorer de telles pistes.

Notre instrument est caractérisé par deux constantes historiques :

a) L’incroyable quantité de variations autour du thème de la guitare proposées par les luthiers ou demandées par les guitaristes au cours de l’Histoire. Beaucoup de ces avatars sont restés sans lendemain, mais certains d’entre eux ont marqué le point de départ de toutes les ramifications actuellement connues : classique, jazz, dobro, folk, électrique, basse - pour ne citer que quelques-unes des directions générales. Je vous invite, à ce sujet, à consulter mon article sur la passionnante exposition "Travelling Guitars" (Guitare Live N°24) du Musée de la Musique à Paris.

b) La constance de la guitare. Depuis la vihuela (voir mon article "la Vihuela", Guitare Live N°19), elle traverse les âges, les modes, les évolutions techniques (progression des procédés de fabrication, évolution des matériaux, apparition de mécaniques à la place des chevilles, arrivé de l’électricité etc.), les vicissitudes de l’Histoire, sans jamais cesser d’exister dans une morphologie générale inchangée : six cordes, un corps en 8, un manche avec des frettes…

Voici un extrait de mon article "l’Histoire de la guitare" (Guitare Live N°10) :

"C’est à la cour de Louis XIV que la guitare connaîtra une des ses plus grandes vogues. Tous, du Roi en personne (qui compte parmi les virtuoses) jusqu’aux gens les plus simples, jouent de la guitare. Mais c’est justement cette popularité qui va la précipiter dans l’abîme : les nobles dames de la cour ne supportent plus de jouer du même instrument que leurs domestiques. Ce phénomène des lubies sociales est une constante dans l’histoire de la guitare. Après avoir connu la plus haute considération, la voici dégradée, condamnée, méprisée. Elle s’en relèvera plus forte, et toujours à nouveau, connaissant les fluctuations et les avatars les plus spectaculaires de l’histoire des instruments de musique..."

La forme de la guitare classique a, en apparence, peu changé depuis un certain Antonio de Torrès. Au sujet de ce luthier décisif, je vous propose de lire un autre extrait de mon article "l’Histoire de la guitare" (Guitare Live N°10) :

Publié dans le magazine N° 30 de Juillet 2007


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