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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 19Doug Doppler, sur les traces de Joe Satriani

Doug Doppler, sur les traces de Joe Satriani

Tu as appris pas mal de choses à son contact, mais aussi auprès d’autres profs. Quels seraient les meilleurs conseils que tu puisses donner sur :

- L’intérêt de créer son propre style ?

Développer votre propre style est quelque chose d’impératif si vous voulez inspirer les gens ou faire carrière. Joe m’a beaucoup montré de choses pour cela. Le plus difficile en même temps est d’arriver à NE PAS sonner comme lui. Mon album Nu Instrumental représente une étape pour moi. J’ai beaucoup travaillé, pour y apposer mon propre style.

- L’apprentissage de la guitare ?
Joe m’a appris à ne jamais m’installer, ne pas stagner. L’élève doit savoir que tu tiens à ce qu’il donne le meilleur de lui-même, et que tu fournis le meilleur de toi-même pour l’aider à y arriver, s’il fait sa part du travail. C’est une grande responsabilité d’être prof de guitare, elle ne doit pas être prise à la légère.

- La réussite dans le music-business ?
A chaque étape de ma carrière, Joe m’a donné des conseils à partir de son expérience personnelle. Et de qui peut-on mieux apprendre ! Ses conseils sont inestimables. Je lui envoyé un email d’Oslo lors de ma tournée avec Gilby Clarke (Guns’n roses, Supernova) et en moins d’une heure, il m’avait répondu gentiment en me conseillant de dormir suffisamment. J’ai été TRES chanceux d’avoir un mentor comme Joe.

Finalement, qu’est-ce qui t’impressionne le plus chez lui ?
C’est l’une des personnes les plus sympa et éthique que je connaisse, et c’est rare dans le business. Je peux aussi te dire qu’il sait apprécier son parcours et sa chance. C’est un exemple à suivre. En tant que musicien, il est très discipliné et cela m’a donné une voie à suivre. Il n’est jamais trop occupé pour répondre à mes mails, et cela veut dire beaucoup pour moi. C’est autant une grande personne qu’une légende vivante de la guitare.

De nombreux guitaristes ont montré le chemin, parfois en faisant connaître ou redécouvrir une technique. On pourrait citer le legato pour Satriani, le tapping pour Van Halen, les effets à la Whammy pour Vai ou Tom Morello, la barre de vibrato pour Jeff Beck, etc. Si ton nom devait devenir célèbre pour évoquer la maîtrise d’une technique ou d’un phrasé, de quoi s’agirait-il ?
Chouette question. Je pense que chaque musicien a sa marque de fabrique, une signature pour ses plans si tu préfères. J’ai passé pas mal de temps dernièrement à jouer avec les doigts à la main droite. Le timbre est bien plus « plein » qu’avec le médiator. Plus tes doigts jouent pleinement les cordes, plus les notes ont de la gorge. Quand il s’agit de jouer vite, je reviens au médiator. Mais pour se rapprocher d’une qualité vocale à la guitare, jouer aux doigts est hallucinant. Etonnamment, je ne joue rien aux doigts sur Nu Instrumental ni sur le DVD.

As-tu un accord préféré ? Une gamme dont la sonorité te plait chaque fois ?
J’adore l’accord majeur 13 11#. Totalement lydien, vraiment magnifique !

Ton DVD présente tes guitares Ibanez, et quelques modèles dont la production a été arrêtée à cause de procès contre Gibson ou Fender dont le fabricant reprenait les formes. Pourquoi es-tu si attaché aux modèles Ibanez S, en particulier la S540 ?
La série S a été développée par une équipe dirigée par le brillant Rich Lasner. Quand ils l’ont dessinée, ils voulaient faire quelque chose de radical, et ils ont réussi. Ils ont pris les meilleures qualités des Fender Stratocaster et des Gibson Les Paul et les ont réuni dans un seul instrument. La combinaison d’un corps en acajou avec un manche et une touche 22 frettes à la Fender explique en partie sa belle sonorité.
Un manche à 24 frettes éloigne le micro manche de la seconde octave à la 24eme case, et cela a un impact dramatique : difficile d’avoir le son classique d’une Strat en position manche. En utilisant une configuration micro humbucker/simple/humbucker controllée par un commutateur à cinq positions, la S540 vous donne des timbres typiques d’une Les Paul ou d’une Strat sans une armée de boutons à tourner. L’ajout du tremolo Edge fait que tu peux martyriser la barre de vibrato et garder la guitare bien accordée. J’arrive à pouvoir utiliser ces guitares dans n’importe quelle situation et elles sonnent parfaitement.

Certaines de tes guitares utilisent le Buzz Feiten, un sillet associé à un système d’accordage censé améliorer la justesse de l’instrument. C’est quelque chose que tu conseilles ?
Je ne dirai jamais de choses assez bonnes sur le système Buzz Feiten. Quiconque a fait un grand nombre d’enregistrements a sans doute remarqué que les guitares électriques jouent rarement juste sur les deux premières frettes. Sur mes titres, j’utilise des positions d’accords en bas du manche et ce système me permet d’avoir tout le manche bien juste. Fais un test : accorde ta guitare et ton E grave , joue un F et regarde ce qu’indique ton accordeur. Tu verras pourquoi le Buzz Feiten est si intéressant.

Parmi les innovations de ces dernières années (frette zéro, guitare à modélisation, sortie numérique USB ou autre), qu’est-ce qui t’impressionne ou t’est le plus utile aujourd’hui ?
En situation live, je dois pouvoir faire pas mal de choses pour arriver à monter un concert ou un bœuf. Pendant la dernière tournée avec Gilby Clarke, j’utilisais un système Boss GT-6 branché en boucle d’effets sur n’importe quel ampli, selon ce qui était fourni dans les villes traversées. La modélisation se démarque vraiment lorsque tu veux changer tes effets et donner un boost pour le solo en appuyant sur un seul bouton. Sans un système complet à la Bob Bradshaw, c’est impossible à moins de danser sur son pédalier.
Sinon, j’ai reçu récemment un ampli à lampes conçu par Krank, et ça sonne de façon étonnante. Les lampes sonnent bien mieux, c’est évident. J’ai aussi fait des sessions d’enregistrements, des démos avec la Black Box de M-Audio. C’est vraiment cool. Les sons sont super et c’est fourni avec le logiciel Live, donc tu t’immerges dans l’enregistrement audio instantanément. Il y a aussi une boite à rythmes, ce qui en fait un outil de valeur pour les profs. Je l’utilise pour toutes mes leçons…it rocks ! J’ai fait une flopée de fichiers audio qu’on peut écouter sur www.blackboxtoneroom.com

Parlons de ton album Nu Instrumental…Quels effets utilises-tu sur le titre Flat lip ?
C’est une combinaison d’effets du Boss GT-6. On remarque bien la whammy.

Est-ce qu’il y a des effets que tu essayes d’utiliser sans arsenal technologique ? On demande souvent à Matthias Eklundh s’il utilise une whammy, et la réponse est non… On a fait un show ensemble et j’ai été étonné de voir comment il pouvait faire sonner sa guitare comme une whammy, mais sans pédale. Sur mon titre Funky Armadillo, j’utilise le slide pour donner un effet de DJ faisant du scratch. On peut aussi entendre cela sur Zero Gravity, que j’ai enregistré pour une démo de l’Ibanez ZR Tremolo.

Ton album fait partie du catalogue Favored Nations, présidé par Steve Vai. Si tu n’avais pas été leur ami, signer avec le label aurait été presque impossible non ?
Je sais qu’ils écoutent tout ce qu’on leur envoie. C’est ce qui fait d’eux un grand label. Il fonctionne comme un indépendant, mais avec une vraie force de distribution. Cela leur permet de choisir des artistes, et leur donner la possibilité d’être écouté partout dans le monde. J’ai beaucoup de chance d’être chez eux.

Ont-ils encore le temps ou la volonté de découvrir de nouveaux talents ?
Oui, ils reçoivent beaucoup de soumissions, et pour avoir parlé avec Steve, je peux dire qu’ils recherchent quelque chose d’unique chez chaque artiste signé. Ils doivent être convaincus qu’il y a un marché pour leurs artistes. C’est la possibilité pour des inconnus d’obtenir une reconnaissance. Cela les distingue d’autres labels, ils se préoccupent vraiment de proposer une musique unique.

Le site de Doug Doppler :
http://www.dougdoppler.com

Son site pédagogique :
http://www.guitar411.com


Publié dans le magazine N° 19 de Juillet 2006


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