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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 20Steve Morse, le nouveau pilier de Deep Purple

Steve Morse, le nouveau pilier de Deep Purple

Steve Morse, le nouveau pilier de Deep Purple

Dans le numéro d’été de juillet-août 2006, nous vous présentions un entretien avec Ritchie Blackmore. Pour continuer dans la même optique, voici une interview avec celui qui l’a remplacé au sein de Deep Purple, Steve Morse. En pleine tournée avec le groupe, l’Américain, également connu pour avoir joué avec Dixie Dregs et Kansas, nous a appelé depuis le Cercle Polaire pour discuter du regain d’intérêt suscité par Rapture Of The Deep mais également de ses débuts, il y a plus de dix ans, avec les auteurs de Smoke On The Water.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac

Ces derniers mois encore plus que d’habitude vous n’arrêtez pas de sortir des CDs live et des DVDs de concerts… A moins d’être un fan exclusif au groupe, il est presque impossible de tout acheter. Pour l’amateur plus occasionnel, y a-t-il des enregistrements que tu conseilles d’acquérir plus que d’autres ?
Steve Morse : Je ne peux faire de recommandation car je n’ai pu en voir aucun pour le moment. Je ne suis pas équipé pour regarder des DVDs dans de bonnes conditions. De toutes façons, les enregistrements live ne m’intéressent pas et surtout pas ceux sur lesquels je figure. A chaque concert, je donne le meilleur de moi-même. Je ne joue pas avec la peur que quelqu’un soit en train de filmer le concert, ou l’enregistrer, pour le commercialiser : ce n’est pas ça qui me fera bien ou mal jouer. Je joue pour les gens qui sont devant moi dans la salle de concert, pas pour ceux qui vont acheter nos albums live. Je ne regarde jamais nos DVDs. Néanmoins, ce que je peux t’assurer c’est qu’il n’y a jamais d’overdubs et de ce fait ils sont très fidèles à un « vrai » concert. Il est assez facile d’entendre quand un groupe a passé une centaine d’heures en studio à peaufiner ses bandes… Alors que moi, je n’ai même pas entendu les bandes (rires) ! Comment overdubber dans ces conditions (rires) ?

Donc tu n’as pas regardé le DVD de Montreux qui vient de sortir et qui est plutôt bon malgré sa courte durée ?
S.M. : En fait, si ! J’en ai vu quelques extraits dans ma loge l’autre jour. Je me suis rappellé que trois jours avant le concert de Montreux en 2000, je m’étais cassé deux os dans la main gauche (rires) ! Ce n’est donc pas mon meilleur souvenir.

Pourquoi n’aimes-tu pas te voir jouer ?
S.M. : Quand je me vois, je ne peux pas m’empêcher de penser à la façon dont je jouerais tel ou tel morceau aujourd’hui. Je ne peux pas voir mon jeu comme quelqu’un d’extérieur. A la rigueur, je préfère voir un vieux concert que quelque chose de récent. C’est la même chose pour les albums, si c’est trop récent je pense toujours à la manière d’améliorer mon jeu. Alors que si c’est ancien, je sais bien que je n’y peux plus rien. Et de ce fait je peux être plus objectif et apprécier la musique pour ce qu’elle est.

Te considères-tu comme un guitariste très différent de ce que tu étais, il y a dix ans ?
S.M. : Assez oui. J’ai développé les nuances et le groove. Mes soli sont plus mélodiques et créatifs aussi. Mais quand j’écoute Purpendicular, objectivement c’est un très bon album. C’est le premier que nous avons fait à cinq sans aucun collaborateur externe.

Est-ce que tu penses que Deep Purple a encore les capacités d’écrire un « classic album » comme ceux des années 70 ? Ou est-ce que vous composez en sachant que les meilleures années sont définitivement passées ?
S.M. : Nous écrivons ce que nous aimons à un moment précis. Sur Rapture Of The Deep je pense qu’il y a des classiques. C’est un bon instantané de ce que nous sommes actuellement. Certains albums sont un incroyable condensé d’influences, de techniques de production et de nouvelles technologies mais Rapture Of The Deep est davantage un disque live enregistré en studio.

Un disque où le groupe a vraiment collaboré comme une équipe ?
S.M. : Oui. Ca n’avait pas été le cas sur chacun de nos albums. Sur Abandon, les chansons ont été écrites sans Jon Lord. Rapture Of The Deep c’est Deep Purple et rien d’autre : nous cinq en train de nous amuser.

Est-ce que tu penses qu’il y a des morceaux qui mériteraient d’être plus connus dans votre répertoire récent ?
S.M. : Mes morceaux préférés sont toujours les plus bizarres comme Sometimes I Feel Like Screaming ou Hey Cisco ! J’aimerais bien jouer plus souvent ce genre de titres en concert car, par contraste, cela rend les titres heavy encore plus heavy qu’ils ne le sont véritablement. Du coup, le show gagne en intensité. Mais ce n’est pas possible : nous sommes cinq à prendre les décisions dans le groupe, donc si j’arrive à imposer mes idées 20% du temps je m’estime déjà aussi heureux qu’un golfeur jouant le par (rires).

Quand tu as rejoint Deep Purple, y a-t-il eu des réactions de la part des fans qui t’ont blessé ?
S.M. : Oui et d’ailleurs encore aujourd’hui. Il suffit que j’aille sur Internet et je peux lire plein d’opinions négatives à mon égard. Quand je suis arrivé dans Deep Purple, Internet n’était pas encore très répandu alors les gens faisaient part de leur mécontentement par d’autres moyens. Ils me lançaient des bouteilles avec des messages à l’intérieur, sur scène. Je me rappelle que l’une d’entre elles avait tapé la tête de Jon. C’était pendant la première tournée et c’était une sensation étrange de recevoir ces bouteilles. Elles étaient assez dures à éviter à cause des lights ! On m’en voulait car on croyait que j’étais responsable du départ de Ritchie Blackmore. Lorsque les gens ont compris que je n’avais rien à faire là-dedans, ils m’ont laissé plus ou moins tranquille. Ritchie a d’ailleurs été très coopératif vu qu’il parlait à la presse pour bien expliquer les choses.

Maintenant c’est totalement fini ces attentats à la bouteille (rires) ?
S.M. : Oui. Les gens aimaient Ritchie car il avait une image très « metal » et ils ne m’ont sans doute pas compris au départ. Mais comme je le disais, il reste encore quelques personnes qui me détestent et le font savoir sur le Net. J’aime le Web pour plein de raisons mais ces attaques personnelles sont assez lamentables.

Les opinions négatives même si elles sont moins nombreuses t’affectent davantage…
S.M. : Exactement. 0,5% des messages semblent avoir dix fois plus d’impact sur les gens que tout le reste.

Lors de votre dernier concert à Paris, j’ai été soufflé par la qualité sonore. Quel est votre secret ?
S.M. : Nous passons le CD en playback (rires) ! Non, sérieusement, c’est parce que nous jouons nos albums sans metre une tonne d’overdubs sur les claviers et les guitares. Ainsi, sur scène, c’est nettement plus simple à reproduire. Nos albums sont très spontanés et donc facilement reproductibles en concert. Certains d’entre nous auraient préféré que les versions studio soient un peu mieux produites mais ce n’est pas grave (rires) ! De plus, il n’y a pas beaucoup d’harmonies dans Rapture Of The Deep ce qui simplifie encore l’adaptation des titres pour la scène. Se lancer dans l’interprétation live d’un disque trop bien produit est parfois extrêmement risqué. Enfin, je crois que tout le monde dans le groupe, à commencer par Ian Gillan, est au top. Nous sommes tous de bons musiciens. Personne n’a atterri dans le groupe par piston parce que son papa travaillait à la maison de disques (rires). Ils ont tous été dénichés dans d’autres formations établies car ils étaient bons, tout simplement. Nous arrivons aussi à garder la passion intacte ce qui est le plus important. A part quand nous voyagons, je n’ai jamais l’impression de travailler au sein de Deep Purple et c’est extrêmement gratifiant.

Le site de Deep Purple :
http://www.deep-purple.com/

Le site de Steve Morse :
http://www.stevemorse.com/

Publié dans le magazine N° 20 de Septembre 2006


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