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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 35Porcupine Tree, la fabuleuse marche en avant

Porcupine Tree, la fabuleuse marche en avant

Porcupine Tree, la fabuleuse marche en avant

Fear Of A Blank Planet continue la fabuleuse marche en avant de Porcupine Tree. Pour un groupe qui jouait encore dans des clubs de quarante personnes dix ans après ses débuts, se retrouver dans une Cigale sold out puis dans un Olympia quasi comble à cinq mois d’intervalle est une belle consécration. A croire que la formule metal marche mieux que la période pop rock. Steven Wilson, tête à penser de l’arbre à porcs-épics, revient avec nous sur la sortie de Nil Recurring, le petit frère du dernier album, ainsi que sur quelques sujets essentiels…
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac

Question primordiale pour commencer cette entrevue : pourquoi joues-tu toujours pieds nus sur scène ?
Steven Wilson : Ca remonte à mon enfance. J’ai toujours joué comme cela. Je n’y ai jamais vraiment pensé en fait… Quand j’étais petit, quand je m’amusais dans la rue ou dans le bac à sable, j’étais très souvent pieds nus. Du coup, je me sens mal à l’aise avec des chaussures ! Il n’y a donc pas de raison artistique derrière cet état de fait (rires). Parfois les roadies me disent qu’il vaudrait mieux que j’enfile quelque chose vu l’état de certaines scènes mais je n’y arrive pas. Au mieux, j’enlève mes chaussures au bout de deux chansons !

Vous sortez un EP, Nil Recurring, en février. Au départ, il ne devait être disponible que par le biais de votre boutique internet. Comment en êtes-vous venus à vouloir le distribuer à plus grande échelle ?
S.W. : Nous avions quatre titres qui restaient des sessions de Fear Of A Blank Planet. Nous savions qu’il s’agissait de bonnes chansons mais qui malheureusement ne s’intégraient pas dans le concept du disque. Nous voulions donc les rendre disponibles. Au départ, nous pensions les mettre en téléchargement puis simplement en édition limitée par notre boutique. Finalement, nous avons opté pour une vraie distribution car nous étions contents du résultat. C’est le compagnon idéal de Fear Of A Blank Planet.

Il n’y a que cette histoire de non-compatibilité avec le concept qui a empêché ces quatre titres d’être inclus sur l’album ?
S.W. : Oui. Tout avait été écrit à l’époque sauf What Happens Now qui n’existait qu’à l’état de démo. Une bonne partie des pistes étaient même finalisées à l’époque de Fear Of A Blank Planet ce qui fait que potentiellement ce disque aurait pu les inclure. Néanmoins je tenais à faire un album de moins d’une heure. Je n’aime pas les CDs de quatre vingt minutes. La longueur idéale pour moi se situe entre quarante et cinquante minutes comme au bon vieux temps. Je sais bien que j’ai souvent sorti des albums plus longs que ça mais par exemple avec Blackfield nous faisons très attention. Fear Of A Blank Planet aurait été ennuyeux s’il durait une heure vingt. Je pense donc que nous avons fait le bon choix.

Normal est un peu une version alternative de Sentimental. Etait-il question à un moment donné d’inclure Normal sur Fear Of A Blank Planet et de garder Sentimental pour Nil Recurring ?
S.W. : Non. Bien que pas mal de gens, même moi-même, préfèrent Normal à Sentimental, l’album avait besoin d’un morceau plus léger aux côtés de gros pavés complexes. L’émotion est très forte et différente de ce que propose le reste du disque. Là aussi, à mon sens, c’était le meilleur choix artistique à opérer.

Revenons sur deux titres plus anciens. Tout d’abord Feel So Low. C’est un titre assez différent pour Porcupine Tree, extrêmement simple et doté de paroles également très naïves sur une rupture. Est-ce autobiographique ?
S.W. : (très mal à l’aise) Oui… Oui.

Cela t’a-t-il aidé ?
S.W. : Oui. Le fait d’exorciser des choses par le biais de chansons est un des plus gros avantages d’être un artiste. Il est donc tout à fait possible d’accepter ses émotions négatives par ce processus créatif. Je me demande souvent comment les gens qui n’ont aucune sensibilité artistique arrivent à gérer ce genre de choses. Personnellement, dès que je sens de la colère ou de la dépression arriver, j’écris une chanson pour m’en libérer. Feel So Low est l’exemple typique et effectivement il n’y a pas spécialement de métaphores…

L’autre est moins connu : Access Denied. Il s’agit d’un titre de Recordings lui aussi assez différent de tout ce que Porcupine Tree a fait, notamment avec la mélodie de piano en intro. Que penses-tu de cette chanson ?
S.W. : J’adore ce titre ! Il me fait penser à du Velvet Underground ou du XTC. Effectivement, je pense que ce ne sont pas des sonorités que les gens associent facilement à Porcupine Tree. Il y a des changements d’ambiance et d’harmonie assez étranges sur ce titre mais il me semble que je l’aimais bien. Pour être franc, je ne m’en rappelle pas très bien – les paroles notamment – car nous ne l’avons jamais joué sur scène mais j’en garde tout de même un bon souvenir.

Tu es un multi-instrumentiste, principalement à l’aise aux claviers et à la guitare. Est-ce que la guitare est l’instrument duquel tu te sens le plus proche ?
S.W. : Bonne question. Je pense que les claviers et la guitare me correspondent autant l’un que l’autre. Je joue mieux de la guitare que du piano en tout cas, ce qui ne veut pas dire que je suis un dieu de la six-cordes non plus. Mon instrument préféré est sans doute le piano mais la guitare m’est nettement plus utile pour écrire. J’ai tout de même écrire quelques-uns de mes morceaux préférés comme Stop Swimming au piano. Lazarus ou Sentimental aussi. Avec la guitare je tends à composer des titres plus heavy, axés principalement sur les riffs. Open Car est un bon exemple de ça.

Utilises-tu aussi la guitare acoustique pour composer ?
S.W. : Parfois. Je pense que ça s’entend assez facilement. Trains, notamment, a été écrit à la guitare sèche.

As-tu déjà écrit à partir d’un autre instrument ?
S.W. : Oui. Une idée peut vraiment venir de n’importe où. Une partie de batterie sur Start Of Something Beautiful ou une ligne de basse sur Strip The Soul. Néanmoins les meilleurs morceaux naissent toujours du piano ou de la guitare.

Il y a quelques années tu es passé chez Paul Reed Smith. C’est l’influence de Mikael Akerfeldt d’Opeth ?
S.W. : En grande partie oui. En 2001, je jouais encore sur une Stratocaster et nous allions nous engager dans notre période « metal » et ma Strat ne me permettait d’obtenir les sons que je voulais. J’avais une Les Paul également mais c’est un modèle trop lourd pour moi. Lorsque j’ai produit Blackwater Park d’Opeth, il m’a montré sa Paul Reed Smith et ça m’a convaincu d’essayer.

Porcupine Tree – Fear Of A Blank Planet
Roadrunner – Warner
Et sortie de l’EP Nil Recurring chez Peaceville – Wagram le 18 février 2008
www.porcupinetree.com

Publié dans le magazine N° 35 de Janvier 2008


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