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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 24Opeth : retour sur dix ans de carrière

Opeth : retour sur dix ans de carrière

Opeth : retour sur dix ans de carrière

Vous vous remettez à peine de votre gueule de bois du nouvel an et vous réalisez que vous n’avez toujours pas dépensé les chèques cadeaux que vous a remis le Père Noël. Qu’à cela ne tienne, Peter Lindgren, le guitariste d’Opeth a prévu le coup. En interview lors du concert parisien de décembre dernier, il nous guide à travers la discographie de son groupe, un des seuls capables de rallier à sa cause toutes les franges du public metal.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac

Orchid (1994)
Peter Lindgren : Ce fut un album très simple à enregistrer car nous jouions toutes ces chansons depuis très longtemps. Certains titres remontaient même à 1991. Nous avions douze jours pour tout faire. Tout s’est bien passé à l’exception du mixage. Aujourd’hui tout se fait sur du matériel numérique mais pas à l’époque et c’était très pénible. Par exemple, à 15h15 il fallait bien penser à changer les réglages (rires). Et comme les chansons duraient jusqu’à quatorze minutes, si quelqu’un ne mettait pas les bons réglages au bon moment, tout était foutu et il fallait recommencer du début !

Morningrise (1996)
P.L. : Nous étions à nouveau très bien préparés pour ce disque et nous avons bénéficié d’un peu plus de temps en studio, quatre semaines me semble-t-il. Malgré tout je n’ai jamais aimé le son de cet album, il est bien trop faible. Ce n’est pas entièrement de la faute de la production car les chansons en elles-mêmes se focalisent trop sur les harmonies et les leads de guitare. Il n’est pas assez heavy.

My Arms, Your Hearse (1998)
P.L. : C’était le chaos complet ! Le studio était réservé à Goteborg mais nous venions de virer le bassiste. Le batteur, Anders, s’était cassé. Il n’y avait plus que Mikael Akerfeldt et moi à bord. Nous n’avions aucune chanson de prête et un studio à disposition ! Nous avons recruté un batteur rapidement, Martin Lopez, et un bassiste, Martin Mendez, dans la foulée. Mais ce dernier est arrivé trop tard pour jouer sur My Arms, Your Hearse.

C’est donc Mikael qui s’est chargé de la basse, non ?
P.L. : Exactement. Ce n’était pas une époque facile car Lopez était nerveux de jouer avec nous et nous avons dû l’encourager. Néanmoins, il s’agit certainement de mon album préféré car nous pensions vraiment ne jamais le mettre en boîte. De plus, c’est le fondement de la musique que nous jouons aujourd’hui. Les deux premiers albums restent à part à cause du jeu et du son des guitares.

Still Life (1999)
P.L. : Le style est quasi identique à l’album précédent mais la production est bien meilleure, notre jeu et les compositions également. Ce n’était pas l’album le plus facile à faire mais ça s’est nettement mieux passé que pour My Arms, Your Hearse. C’est un album sous-estimé dans notre discographie selon moi. Les gens le mentionnent assez rarement comme un de leurs préférés. Ils parlent généralement de Blackwater Park ou de Damnation voire de My Arms, Your Hearse ou de Morningrise mais pour moi Still Life est un excellent disque. Du point de vue de la guitare, c’est notre album le plus complexe. Les parties de The Moor, en particulier, sont assez monstrueuses tout comme celles de Godhead’s Lament !

Blackwater Park (2001)
P.L. : Un gros pas en avant pour le groupe. C’est le premier disque à être sorti aux Etats-Unis grâce à Koch Records. Techniquement c’est sûrement notre meilleur album, nous avons sorti notre meilleur jeu possible, en particulier Lopez à la batterie qui est ahurissant. Steven Wilson de Porcupine Tree a produit l’album. Comment la collaboration a-t-elle démarré ? Mikael et moi étions fans du groupe et un jour Mikael m’annonce que Steven lui a envoyé un mail nous félicitant par rapport à la qualité de l’album Still Life. Il avait dû recevoir l’album par hasard chez lui. Après quelques mails échangés, nous l’avons rencontré à Londres et nous n’avons eu aucun mal à le convaincre de produire notre disque. Il est resté deux semaines pour produire les guitares et le chant. Même si les chansons étaient prêtes avant son arrivée, son influence a été importante. On retrouve son son si caractéristique.

Deliverance (2002) / Damnation (2003)
P.L. : Les deux albums ont été faits en même temps. Nous voulions absolument faire deux albums dont un entièrement calme (Damnation). Au départ nous pensions faire un double album. Après réflexion, nous nous sommes dits que les gens n’écouteraient sans doute pas assez bien notre musique dans ces conditions. Je sais qu’en tant qu’auditeur je fais cela : dès que j’ai un double album, je me concentre principalement sur la première rondelle et/ou sur les morceaux les plus emblématiques ! Malgré le désaccord de notre maison de disques, nous avons décidé de sortir deux albums.

Retrospectivement, c’était le bon choix à faire ?
P.L. : Nous avons eu raison car de cette manière nous avons d’abord tourné pour Deliverance puis nous avons entamé une mini-tournée totalement différente, à forte dominante acoustique, pour promouvoir Damnation. Mais notre maison de disques, pour couper la poire en deux, a accepté de nous laisser faire tout en ne nous accordant le budget que d’un seul album. Nous avons regretté par la suite car en studio nous n’avions que quelques semaines pour produire deux galettes ! Nous sommes retournés aux studios où Still Life avait été fait. C’est un très bel endroit mais l’équipement n’est pas très moderne car c’est un vieux studio de rock progressif. Le gérant est un alcoolique notoire qui ne connaît rien au metal (rires). Nous avons dû faire appel à Fredrik Nordström pour nous sauver la mise encore une fois.

Et finalement, tu es satisfait de ces albums ?
P.L. : En fin de compte, je suis content du résultat, surtout en ce qui concerne Damnation car aucun groupe de death metal n’a fait quelque chose de semblable à cela, mais de toute évidence nous avions besoin de plus de temps pour aboutir dans ce projet. Nous avons tous fini sur les rotules et nous étions prêts à tout arrêter tellement c’était épuisant. Heureusement, nous avons retrouvé goût à la musique grâce aux tournées qui ont suivi et qui ont très bien marché.

Ghost Reveries (2005)
P.L. : C’est notre dernier album en date. Nous avions bien retenu la leçon des sessions précédentes. En rentrant en studio, toutes les chansons étaient complètement écrites et le groupe les jouait parfaitement. Nous avons choisi un « vrai » studio avec un professionnel à sa tête. Nous avons recruté Per Wiberg comme membre permanent aux claviers et il apporte indéniablement un plus. Ghost Reveries est de toute évidence notre album le plus professionnel, cela s’en ressent à tous les niveaux.

Le site d’Opeth (Roadrunner – Universal) :
http://www.opeth.com

Publié dans le magazine N° 24 de Janvier 2007


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