Lacuna Coil
Auréolé de son succès américain, Lacuna Coil
a franchi un nouveau cap avec Karmacode, un album se situant dans la continuité
des précédents tout en étant encore plus facile d’accès,
comme le démontre la date des Italiens dans la salle mythique de
l’Olympia. Quelques heures avant son entrée sur scène,
Marco Biazzi, un des deux guitaristes, a pris quelques minutes pour nous
parler de l’actualité de son groupe, ainsi que de sa récente
ascension commerciale.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac
L’Olympia est la salle la plus emblématique de France et
n’est pas spécialement connue pour ses concerts de metal.
Quel effet cela te fait de jouer ici ce soir ?
Marco Biazzi : C’est vrai, même ma mère m’a parlé
de cet endroit ! Je sais qu’il y a surtout des groupes de pop
ou des spectacles qui se jouent ici mais c’est un honneur pour nous
que de nous y rendre. En fait, peu importe la salle, nous aimons toujours
venir en France. Hier nous avons joué à Clermont-Ferrand,
et avant-hier à Bordeaux. A Paris, j’ai de bons souvenirs
de concerts donnés à La Locomotive ou à l’Elysée
Montmartre en compagnie de Moonspell. Je pense qu’en ce moment nous
méritons d’accéder à des salles plus importantes.
C’est donc avec un plaisir certain que nous allons jouer ce soir.
C’est aussi la première fois que vous venez chez nous en
tête d’affiche…
M.B. : C’est vrai ! Avec Moonspell d’une part et
Sentenced de l’autre, nous nous partagions l’affiche alors
que cette fois-ci, nous sommes seuls avec un ou deux groupes d’ouverture.
Je suis donc doublement excité ! En plus, comment ne pas ressentir
une certaine émotion en voyant l’entrée de la salle
avec notre nom inscrit en lettres énormes ?
Votre dernier album, Karmacode, est sorti depuis quelques mois. Qu’en
retiens-tu ? Votre maison de disques plaçait pas mal d’espoirs
dans ce disque ; est-ce que les retombées ont été
à la hauteur ?
M.B. : L’album se vend très bien puisque nous en avons
déjà écoulé 250 000 exemplaires. Ca correspond
à la moitié des ventes de Comalies en quatre ans donc c’est
franchement un bon score. Musicalement, nous sommes très satisfaits
de l’album en particulier en ce qui concerne la production. Nous
travaillons d’arrache-pied pour promouvoir ce disque car nous avons
déjà tourné aux Etats-Unis avec Rob Zombie et nous
avons participé aux festivals d’été. Maintenant,
nous allons participer à l’Ozzfest américaine et pour
la première fois nous nous produirons sur la main stage (scène
principale, ndr). Nous grandissons pas à pas avec les moyens dont
nous disposons. Ce n’est pas toujours simple car nous n’avons
pas une major derrière pour nous financer.
Depuis quelques années, votre réputation s’est développée
aux Etats-Unis. Est-ce que cela , ou les efforts qu’il a fallu
faire pour y arriver, ont eu un effet négatif sur votre popularité
en Europe ? Car les groupes qui peuvent jouer sur les deux tableaux
à la fois sont finalement plutôt rares et généralement
bien plus gros que vous (Metallica, System Of A Down, etc) ?
M.B. : Je ne peux pas me mettre à la place de nos fans mais
je pense qu’ils nous soutiennent toujours autant. Au vu des concerts
que nous avons donnés depuis quelques jours en Europe, je peux
même affirmer que notre public européen est bien présent
et très content de notre show. Les gens ici ne nous ont pas oublié
même si nous avons passé beaucoup de temps à tourner
aux Etats-Unis. J’aime beaucoup jouer en Europe car ici au moins
il n’y a pas besoin de prendre l’avion entre deux concerts
(rires) ! Et puis aux Etats-Unis, il n’y a pas beaucoup d’endroits
comme l’Olympia… Même si notre concert n’est pas
complet, jouer nos nouveaux titres ici va me faire très plaisir !
Quels sont tes moins bons souvenirs de tournée ?
M.B. : Je n’en ai pas tellement. Je me souviens simplement
d’une tournée avec Grip Inc où nous n’avions
pas assez de place sur scène à cause de la batterie énorme
de Dave Lombardo. Un jour nous étions dans une salle minuscule
en Suisse où la scène avait la forme d’un triangle.
Il était impossible de caser tout le monde sur scène et
du coup l’autre guitariste et moi avons dû jouer en plein
milieu de la fosse ! Nous n’avions pas de retours, juste le
son de la salle ; c’était vraiment dur ! La tournée
avec Lacrymosa il y a cinq ou six ans n’était pas mauvaise
mais nous nous déplacions en camionnette… Je te laisse imaginer
les conditions de vie que cela implique…
Revenons sur Karmacode. Il me semble que vous avez joué l’album
entier avec des guitares sept-cordes. Pourquoi cette décision alors
que par le passé vous n’aviez pas l’habitude d’en
utiliser ?
M.B. : Pour Comalies nous avons effectivement tout joué avec
des six-cordes mais en concert nous avons commencé à utiliser
des sept-cordes. C’est donc naturellement que nous sommes rentrés
en studio avec ces guitares-là. Nous avons pu composer des riffs
totalement pensés pour une sept-corde contrairement à Comalies
et cela s’en ressent, je trouve. Nous voulions un son heavy, il
n’y a pas trente-six façons de l’obtenir : il
faut utiliser des guitares à sept cordes.
Chez Lacuna Coil, la chanteuse Cristina Scabbia est fortement mise en
avant dans les médias. Avec (ou sans, d’ailleurs) Andrea
Ferro, elle répond à la majorité des interviews et
la majorité des fans ne s’intéressent qu’à
elle…
M.B. : (me coupant) Elle n’est pas la seule à faire
des interviews puisque je réponds à tes questions (rires).
Aux Etats-Unis, je te garantis que les médias s’intéressent
à tous les membres du groupe et pas seulement à Cristina.
Maintenant il est vrai que globalement c’est le membre du groupe
qui passionne le plus les fans. Mais c’est normal car elle est la
chanteuse et c’est la seule fille du groupe. Le contraire serait
plus étonnant, non ?
Est-ce que tu vis bien le fait de ne pas toujours être sur les
feux de la rampe comme le sont la plupart des guitaristes d’autres
groupes de metal ?
M.B. : Un vrai fan de Lacuna Coil aime le groupe en tant que tel
et ne s’intéresse pas aux individualités. Cristina
polarise l’attention mais, en définitive, tous les gens ne
veulent qu’une chose : de la bonne musique.
Si tu devais éditer une mini-compilation quatre ou cinq de tes
morceaux fétiches, qu’inclurais-tu ?
M.B. : Hell’s Bells d’AC/DC car c’est un de mes
groupes préférés. J’aime leur groove. Nous
utilisons souvent leurs morceaux avant de monter sur scène pour
nous donner de l’énergie. Ensuite, Domination de Pantera
car Dimebag Darrell est mon héros. J’aimerais aussi mettre
un truc de fusion/jazz à la Allan Holdsworth. Ce gars est totalement
unique. Il a été très inventif à la guitare
bien qu’il ne soit pas guitariste à la base. Sa main est
extra-terrestre, je pense (rires). Enfin, je pense que je mettrai Future
Breed Machine de Meshuggah. C’est une chanson extraite de leur meilleur
album, Destroy Erase Improve. C’est une chanson technique, puissante
et énergique. Elle a tout ! J’adore.
Le site de Lacuna Coil :
http://www.lacunacoil.it
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