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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 23François Hadji-Lazaro : "ne pas avoir d’étiquette"

François Hadji-Lazaro : "ne pas avoir d’étiquette"

François Hadji-Lazaro : « ne pas avoir d’étiquette »

Multi-instrumentiste, acteur de cinéma et éternel indépendant, le père du groupe Pigalle, les Garçons Bouchers et de Boucherie Productions vient de sortir son nouvel album « Aigre doux ». Un chaud/froid, plutôt qu’un sucré-salé, qui affirme une nouvelle fois sa peur du sectarisme.
Samuel Degasne

En quoi la découverte de Bob Dylan a été pour vous un déclic au début des années 70 ?
François Hadji-Lazaro : Tout jeune, je faisais du rock. Pour moi, Dylan était le résultat d’un carrefour de cultures issues de la tradition folk américaine et de l’apport des immigrants. En remontant cette logique de filiation, j’ai eu l’envie d’apprendre plein d’instruments.

C’est donc de là que vient votre boulimie de guitares ?
F H-L : Le finger-picking m’a amené à découvrir d’autres styles. Je m’ennuie très vite et j’avais trouvé quelques combines pas très honnêtes pour avoir des instruments. J’ai ainsi pu explorer ceux à cordes, mais aussi ceux à vent et à soufflet. Il y a quelques années, ce sont les frères Chao qui m’avaient fait acheter une gaïta. De retour d’un film sur l’île São Vicente de Cesària Evoria en Afrique, j’ai également ramené un cavaquinho. Et dernièrement, je me suis mis à la guitare portugaise.

Des instruments traditionnels ou acoustiques… alors pourquoi avoir intégré les boîtes à rythmes et les séquenceurs ?
F H-L : On me l’a beaucoup reproché au début de Pigalle. Ca n’était utilisé que pour la musique Indus. Les ayant gagné à un concours de banlieue, je ne voyais pas de contradiction entre le classique et le contemporain. D’autant que nous n’étions qu’un duo. Dans « Aigre Doux », j’ai même utilisé des morceaux de contrebasse d’Alain des Wampas à l’époque de notre ancien groupe Los Caryos.

Au vu de tous vos styles, quel est votre processus de création ?
F H-L : Je m’attarde généralement à créer une ambiance grâce à la technologie Pro tools sur laquelle je teste les mélodies. J’utilise autant la guitare à modélisation variax, que l’acoustique ou l’électrique. Je mets au défi de trouver dans mon dernier album où ils sont positionnés. Il suffit d’utiliser les sons adéquats. Accords ouverts, bottleneck… J’essaie de ne pas avoir d’étiquette et de ne pas faire de sectarisme.

Pourquoi choisir des titres de chansons si longs ?
F H-L : S’il n’y avait que moi, je n’en mettrais pas du tout. J’adore faire des contre-pieds entre les paroles et la musique. Je peux autant jouer la mélancolie sur un blues cajun ou sur une musique traditionnelle du Centre de la France. Et avant même la fin de la tournée, je suis déjà en train d’écrire la suite.

Quel regard d’ancien indépendant, aujourd’hui passé chez Universal, avez-vous ? La liberté existe-t-elle encore chez les productions actuelles et les majors ?
F H-L : Quand un artiste signe sur une major, on lui change ses arrangements sous prétexte qu’il y a une file d’attente derrière lui. Les disques restant très peu en rayon, nous n’avons plus le temps de les faire connaître. Du temps de Boucherie Productions, nous mettions 6 mois... Moi, je suis libre. Après mes 25 ans d’actifs, ce n’est pas à moi que l’on va faire le coup.

Vous avez joué dans pas mal de films de tous bords (J’ai vu tuer Ben Barka, Le Pacte des Loups…). De quelle manière le dessin et le cinéma sont présents dans votre musique ?
F H-L : Je jouais seulement de la guitare pour draguer les filles et je rêvais plus de Beaux-Arts. Finalement, je suis content. Il y a un côté plus mystérieux et sensuel à pratiquer la musique, même si c’est complémentaire. Je viens de finir le dernier film de Marc Caro (intitulé Dante 01, ndr) et ça m’a fait du bien. Je veux autant faire de l’humour qu’être pédagogique. Et pour moi, Renaud n’est par exemple pas si engagé que ça. Je veux pouvoir jouer de l’oud et m’intéresser au digital ou à la vielle à roue quand ça me chante.

Le site de François Hadji-Lazaro :
http://lazaro.artistes.universalmusic.fr

Publié dans le magazine N° 23 de Décembre 2006


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