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French Cowboy et la fin des petits lapins

French Cowboy : « Les Little Rabbits étaient devenus un tank »

Billy The Kick à Rennes, les Thugs à Angers, Noir Désir à Bordeaux, les Twirls Comics à Laval ou les Little Rabbits à Nantes… C’est toute une génération de l’Ouest qui a vécu sous l’aile de ces grands frères locaux. Après avoir joué avec Philippe Katerine et Helena Noguerra, le chanteur et guitariste Federico Pellegrini (aka Baby Face Nelson), ex-leader des Little Rabbits s’est fraîchement reconverti en Michael Stipes (REM) dans The French Cowboy & The German Dudes. Retour sur des moments épiques.
Par Samuel Degasne

Comme beaucoup de groupes qui accèdent à une notoriété nationale, vous avez d’abord rayonné sur tout un département. Mais pourquoi mettre « Nantes » (Loire-Atlantique) sur vos biographies, alors que vous êtes originaires de Vendée ?
Federico Pellegrini : En fait, à la fin des années 80, les attachées de presse mettaient uniquement « Vendée » sur nos tracts, comme si nous n’avions pas le droit d’appartenir à une ville (rires). Alors, vu que ça fait huit ans que je suis sur Nantes, nous avons tranché. Le pire, c’est qu’une partie des nantais viennent certainement de la Vendée. Et puis, j’ai de mauvais souvenirs de La Gaubretière : j’ai quitté ce village à 18 ans parce que je ne supportais plus de vivre sans anonymat.

C’est assez drôle, car vous êtes devenus une institution nantaise depuis…
F.P. : Mais attention, le décalage n’est pas une spécificité de Nantes. Du moins, je ne me sens pas décalé (rires). Enfin, ça peut changer. Attendez de voir ce que nous allons faire avec « Ad Nauseam » (concert prévu à la salle nantaise Le Lieu Unique à la rentrée 2007). Des boucles hypnotiques mélangées à de la vidéo, ça va déconcerter. Et comme son titre l’indique, peut-être même provoquer la nausée. C’est un concept que nous avons rapporté de Tucson - Texas. Mais sinon, nous n’avons jamais fait de grandes salles, à part la Loco à Paris. Le public nous explique souvent l’importance que nous avions pour eux, mais je crois que c’est surtout un succès d’estime (rires).

D’où vient ce projet The French Cowboy & The German Dudes ?
F.P. : Il faut remonter loin. A la fin des Little Rabbits, nous avons pris des vacances avec un ami d’enfance : Philippe Katerine. Etant nouvellement sans activité, il nous a proposé de l’accompagner sur scène en nous rebaptisant la « Secte Machine ». Gé-nial ! Ca collait pile à notre esprit. De mon côté, j’avais écrit en parallèle toute une série de chansons pour enregistrer avec Stéphane, le guitariste des Little Rabbits, dans une formule à la Simon & Garfunkel. Helena Noguerra, l’amie de Philippe Katerine, a été charmée par les compos et nous avons alors scindé le projet en deux : Dillinger Girl and Baby Face Nelson avec Helena, puis The French Cowboy avec la formation réduite des Little Rabbits.

Le fait de partager des compos n’a pas posé des problèmes de droits ?
F.P. : Si, justement ! Comme ce sont des projets consanguins, j’ai voulu les sortir le même jour. La maison de disque n’a pas voulu, alors qu’au fond Universal Jazz et Barclay appartiennent au même géant. C’est hallucinant ! Et le problème se pose toujours parce que j’aimerais pouvoir chanter les répertoires de chacune des formations. Quant à monter mon label, je n’en ai pas le courage. Moi, je suis juste dans l’urgence. C’est ça être un artiste. Je ne veux pas à avoir gérer le reste. J’en suis incapable. Mon but, c’est produire. Pas faire les festivals ou de la promo…

Vous avez toujours eu une certaine appréhension envers le conformisme, non ?
F.P. : Oui, parce que pour le 1er album des Little Rabbits en 91, nous étions très naïfs. Le label a préféré lancer en single notre reprise de « La Mer » du Jazz Butcher, alors que c’était juste une traduction aléatoire en français destinée à jammer dans les loges. Point final. C’est à ce moment là que notre méfiance a commencé et que nous avons opté pour le label Rosebud. Nous ne voulions pas faire de compromis, juste de la pop anglaise. Mettre en avant des singles sans notre accord et nous laisser seuls contre tous nous a démotivé. C’était comme perdre l’âme des morceaux et le public a commencé à nous appeler les « gentils petits lapins ». Au secours ! Du coup, nous n’avons plus jamais joué « La Mer » sur scène. Nous passions juste le disque pendant le rappel. Et ça permettait de fumer des clopes en coulisses. (rires)

C’est à cause de cette incompréhension que les Little Rabbits se sont finalement arrêtés ?
F.P. : Exactement ! A six, nous ne pouvions pas fabriquer plusieurs univers. Il fallait entraîner tout le tank et seule l’image de Tucson maintenait l’unité. Enfermés malgré nous dans un segment, nous ne pouvions plus faire d’expérimentations. Vu que rien n’avançait, comme Franck Black des Pixies, j’ai envoyé un e-mail à tout le monde en octobre 2005 pour annoncer la nouvelle, puis j’ai passé une journée avec chacun pour s’expliquer. Tout le monde était déçu, mais finalement soulagé. Maintenant que le groupe est mort, j’ai de la nostalgie pour certains morceaux, mais je les referai avec d’autres instrumentations. C’était un groupe insplittable et c’était devenu un collectif d’égo : chacun sa bouffe ! Le pire, c’est qu’il reste dans les placards un inédit qui s’appelle « Doctor » et qui date de la bande originale du film « Atomik Circus » des frères Poiraud, mais interprété sans Vanessa Paradis. Laurent (ndla : Allinger, le Dj du groupe depuis 98) avait déjà sorti un best-of remixé en 2003, donc personne ne veut plus en entendre parler. C’est du passé. Et je suis enfin libre de créer. C’est vrai quoi, j’en avais marre du tank... Maintenant, vive la Vespa !

Pour finir, on m’a parlé de vos dons de cuisinier…
F.P. : Oui, je fais une excellente recette de gnocchi dont tout le monde raffole ! J’ai généralement beaucoup de succès. C’est pour cette raison que j’adore les pommes de terre. Ca tient donc à peu de choses, finalement. Sans pomme de terre, je ne suis plus rien... (rires)

Le site de Little Rabbits :
http://www.little-rabbits.net
http://www.myspace.com/thefrenchcowboy
http://katerine.artistes.universalmusic.fr

Publié dans le magazine N° 24 de Janvier 2007


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