Popa Chubby, Le bluesman sans blues
Avec un nom comme Popa Chubby (« pop a chubby »
signifiant bander en anglais), on ne peut pas s’attendre à
beaucoup de subtilité. Toutefois dans les loges de l’Olympia
où le guitariste nous a accordé un « entretien »,
on touche le fond. Visiblement plus occupé à dessiner des
doigts d’honneur (sic) pour faire rire quelques amis, Ted Horowitz
n’a que faire de nos questions et ne répond qu’à
une dizaine d’entre elles par autre chose que par un hochement de
tête. Compte rendu d’une entrevue aussi pénible à
réaliser que le concert du soir, un massacre des titres de Jimi
Hendrix…
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac
Tu donnes depuis quelque temps des concerts en hommage à la musique
de Jimi Hendrix. Tu avais en tête de faire un show-hommage sur un
artiste puis tu as décidé de te focaliser sur Hendrix ou
est-ce que tu avais délibérément choisi de reprendre
son répertoire ?
Popa Chubby : En fait, depuis longtemps je joue quelques titres de Jimi
Hendrix dans chacun de mes concerts. A chaque interprétation, ces
titres provoquent de bonnes réactions de la part de la foule et
le public m’en réclamait toujours davantage. Ce sont donc
les fans qui sont à l’origine de ces concerts particuliers
comme celui que je donne aujourd’hui à l’Olympia.
J’imagine que ton public réclame souvent des reprises, pas
forcément du Jimi Hendrix exclusivement, si ?
P.C. : Pas spécialement. On me demande souvent de jouer du
Rory Gallagher, par contre. Je ne sais pas du tout pourquoi par contre.
Peut-être parce que ma guitare ressemble à la sienne ?
J’aime bien ce qu’il a fait mais je n’ai pas du tout
le même jeu donc je ne préfère pas trop m’y
frotter. En revanche, pour Hendrix c’est nettement plus simple car
je joue ses chansons depuis que j’ai commencé à apprendre
l’instrument.
Comment as-tu choisi les reprises que tu joues chaque soir ?
P.C. : Il y a beaucoup de chansons, effectivement, et c’est
dur de choisir. En fait, je ne me prends pas trop la tête avec ça
et j’opte simplement pour celles que je préfère. Point
barre.
J’ai en tête un concert où tu as joué une reprise
d’Ace Of Spades de Motörhead. C’est un groupe que tu
apprécies ?
P.C. : Les Allemands adorent Ace Of Spades. Je ne sais pas si ce
titre aurait le même impact sur le public français (rires).
J’adore Motörhead. En fait, j’aime beaucoup le hard rock,
surtout les vieux groupes comme Black Sabbath, Deep Purple ou Led Zeppelin.
Dans les trucs plus « récents », j’apprécie
Metallica ou Pantera.
A quel moment est-ce que tu t’es mis à préférer
le blues ?
P.C. : Jamais (rires). Je n’ai jamais compris pourquoi et comment
les gens m’ont rangé dans la case « blues ».
Je me suis toujours considéré comme un joueur de rock. J’ai
grandi en écoutant des groupes qui mélangeaient le blues
et le rock mais c’est tout.
Que penses-tu d’un guitariste comme Zakk Wylde ? Tu te sens
proche de lui, d’une certaine façon ?
P.C. : Mmmmh. Je préférais Randy Rhoads… Il mettait
mieux en valeur Ozzy Osbourne. Je n’ai jamais joué avec Zakk
mais ça pourrait être cool.
Sinon, j’ai lu que tu aimais le hip hop également…
Voilà qui est plus surprenant…
P.C. : Plus que le hip hop, j’aime le gangsta rap. J’adore
les trucs de la West Coast comme Dr. Dre, Snoop Dogg et toute la clique.
A quand des reprises de gangsta rap dans tes concerts ?
P.C. : Jamais. Mais je suis quand même extrêmement influencé
par cette musique. C’est assez marrant à écouter.
Sur Deliveries After Dark, tu joues le thème du Parrain. Comment
cette idée t’est venue ?
P.C. : Par hasard. J’ai commencé à jouer ce truc
en soundcheck. Ca n’a rien de blues. Pour moi, c’est une chanson
de surfers (rires). De toute manière, ça n’a aucune
importance car les étiquettes musicales ne servent à rien.
Je joue de la musique. Point barre. Si quelqu’un veut savoir quel
genre de musique je joue avant d’acheter un de mes disques, il n’a
qu’à l’écouter car il n’y a que deux styles
de musique : celle qu’on aime et celle qu’on n’aime
pas.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas, par exemple ?
P.C. : Une grande partie de la musique pop. Je hais les trucs commerciaux.
Tu as commencé par jouer de la batterie. Pourquoi avoir laissé
tomber pour apprendre la guitare ?
P.C. : Je ne me rappelle plus vraiment. C’était simplement
dur de jouer de la batterie là où j’habitais. La guitare
était plus facile à ranger… J’ai commencé
sur une guitare acoustique toute pourrie. J’adore encore la guitare
acoustique d’ailleurs et j’aimerais bien en jouer sur scène
mais c’est difficile de la faire sonner comme il faut en concert.
Il y a souvent trop de larsen.
Est-ce que tu collectionnes les guitares ?
P.C. : Pas vraiment. Mais j’adore l’objet en lui-même.
Néanmoins, ma préférée reste quand même
ma Stratocaster 66. Il n’y a pas mieux.
Dernière question : quels sont les morceaux de ton nouvel
album, Deliveries After Dark, dont tu es le plus fier ?
P.C. : Généralement quand on sort un nouvel album,
on veut jouer un maximum d’extraits sur scène mais on a du
mal à le faire car on n’est pas encore très à
l’aise avec tous ces nouveaux morceaux. Pour Deliveries After Dark,
ce n’est pas pareil. Nous avions joué énormément
de titres sur scène avant de les enregistrer en studio. Le groupe
et le public ont apprécié donc très franchement je
pense que je vais tous les jouer pendant encore un moment et je suis fier
de l’ensemble du disque. Ca tombe bien car je commençais
à en avoir un peu marre du « back catalogue ».
Popa Chubby – Deliveries After Dark
Dixiefrogs Records – Harmonia Mundi
www.popachubby.com |