Bullet For My Valentine, un talent explosif
Le premier album de Bullet For My Valentine, c’est la classe à
l’état pur : des musiciens sortant de nulle part qui
nous livrent une petite bombe de virtuosité entre emocore et heavy
metal. Au centre de ce phénomène, les deux guitaristes,
Matthew Tuck, également chanteur, et Michael Padget, dont la technicité
est aussi impressionnante que bien canalisée. Rencontre avec les
deux piliers de ce groupe au moment où sort leur premier DVD enregistré
à la Brixton Academy.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac
Même si on n’aime pas les étiquettes, il en faut parfois
pour savoir de quoi on parle. En quelques mots, comment est-ce que vous
définissez Bullet For My Valentine ?
Matthew Tuck : Un groupe de heavy mélodique…
Michael Padget : … qui aime les refrains à reprendre
en chœur lors de ses concerts !
M.T. : Nous écrivons nos chansons avec une base instrumentale
très importante et nous ajoutons beaucoup de mélodies vocales
par-dessus. C’est notre façon de faire. Il n’y a pas
de mal à mélanger le heavy metal et les bonnes mélodies,
n’est-ce pas ? Je pense qu’on peut nous comparer à
un groupe comme Trivium mais en ce qui concerne les refrains, nous sommes
vraiment meilleurs.
M.P. : Nous n’écrivons pour personne d’autre que
pour nous et pourtant pas mal de gens accrochent malgré tout à
notre style. C’est assez flatteur.
Si l’on veut vous découvrir, vous conseillez plutôt
d’acheter votre album ou d’aller à un de vos concerts ?
M.T. : Je pense qu’il faut d’abord acheter le disque
pour voir si ça vous plaît ou non. En revanche, je sais que
des gens nous ont découverts en live, dans le cadre d’un
festival par exemple, et que cela leur a donné envie d’acheter
notre album.
Bullet For My Valentine a commencé en jouant des reprises de Metallica
et de Nirvana et cette année, vous en avez enregistré pour
le compte du magazine anglais Kerrang : Crazy Train d’Ozzy
Osbourne et Welcome Home (Sanitarium) de Metallica…
M.T. : (me coupant) Lorsque nous avions environ seize ans, nous avons
formé le groupe un peu par hasard et nous avons commencé
à jammer sur des classiques que nous connaissions tous. Rapidement,
nous avons composé nos propres titres afin de trouver notre style.
Néanmoins, l’influence de Metallica est toujours bien présente.
C’est le groupe que nous avons tous les quatre en commun. Ce sont
les pères fondateurs du rock / metal et ils sont remarquables en
tant que musiciens, mais également comme compositeurs. Quant aux
reprises pour Kerrang, c’était une bonne expérience.
Nous avons choisi de respecter les titres originaux car ce sont des hymnes.
On entend toutefois qu’il s’agit de nous car notre son est
reconnaissable. Je sais que Metallica a apprécié ce CD-hommage
à Master Of Puppets et nous sommes vraiment contents d’avoir
pu y participer.
Il y a quelques mois, vous avez tourné aux Etats-Unis
en compagnie de Rob Zombie et vous vous êtes fait virer de l’affiche
dans des circonstances un peu mystérieuses… Pouvez-vous revenir
sur ces événements ? Quelle est cette histoire qui
fait qu’aujourd’hui, pas mal de monde ne veut plus entendre
parler de vous aux Etats-Unis ?
M.T. : Je pense que les seules personnes qui nous détestent
sont des fans aveugles de Rob Zombie et ils ont sûrement quarante
piges ! Chaque soir il y avait quelques personnes qui venaient pour
nous et le reste du public était composé de vieux fans -
totalement insignifiants pour nous – qui ne s’étaient
déplacés que pour entendre une vielle chanson de White Zombie.
Toujours est-il que sur cette tournée, nous avons été
mal traités. Nous n’avions pas accès à des
loges, nous étions limités dans le nombre de produits dérivés
que nous pouvions vendre et nous devions jouer super tôt. Je respecte
le fait que ce soit SA tournée mais il n’était pas
réglo. Musicalement, pour moi Rob Zombie ne représente rien
alors que Metallica, un autre groupe avec qui nous avons tourné,
représente tout. Et eux nous ont très bien traités.
Je ne regrette donc absolument pas le message virulent que j’ai
posté sur notre site officiel qui mettait en cause Rob Zombie.
M.P. : Nous sommes restés deux ou trois semaines avec lui
et il ne nous a pas dit bonjour une seule fois.
M.T. : Ca prouve vraiment que ce mec est un enfoiré. Il n’a
même pas eu les couilles de nous virer lui-même de l’affiche
puisqu’il a demandé à son tour manager de faire le
boulot à sa place.
Vous avez aussi joué avec Guns n’ Roses. Comment
se sont passées les choses avec Axl Rose ?
M.T. : Sa réputation est fausse. Il est peut-être fantasque
quand il se rend sur scène, mais il est charmant en vrai. Il nous
a traité mille fois mieux que Rob Zombie. Nous avons eu accès
à une loge, nous avons pu faire nos balances dans de bonnes conditions.
Nous n’avons même pas été limités dans
la durée de notre set.
M.P. : Il dit bonjour, lui (rires) ! Il nous donne accès
aux aftershows ce qui est plutôt sympa de sa part. Nous sommes flattés
qu’il ait fait lui-même la démarche de nous inviter
sur sa tournée.
Depuis quelques années, la technique revient très
fort dans le heavy metal. Dans les années 90, le niveau des nouveaux
groupes était souvent très bas. Comment expliques-tu ce
revirement ? Des groupes comme Trivium ou Avenged Sevenfold, Bullet
For My Valentine montrent que ce n’est pas un phénomène
isolé…
M.T. : Pour les gens de notre génération, la technique
est hyper importante et lorsque nous avons vu cette scène heavy
mourir, cela a été une vraie désolation.
M.P. : Nous ne faisions qu’attendre qu’un groupe arrive
et remette les pendules à l’heure en proposant à nouveau
des soli de guitare flamboyants et des riffs complexes.
M.T. : En tant que musiciens, il n’y a rien de plus agréable
que de repousser constamment ses limites. Nous avons conscience que plus
nous jouons, plus nous nous améliorons, et c’est ce qui nous
pousse à nous dépasser en permanence. Nous avons encore
une importante marge de progression, crois-moi.
M.P. : J’ai commencé à m’investir pleinement
quand nous avons été signés ; c’est donc
encore relativement récent. Avant cela, je ne m’étais
pas encore plongé dans les soli, les sweep et l’aspect technique
des gammes.
Que pouvez-vous nous dire sur votre très attendu second
album ? Il est fréquent que les groupes officiant dans votre
style changent complètement de direction album après album.
Ca peut être votre cas aussi ?
M.T. : Pour le moment ce que nous avons écrit s’inscrit
dans la lignée de The Poison. C’est un peu plus extrême
et plus heavy mais ça ne dénature pas notre son comme ont
pu le faire Trivium ou surtout Avenged Sevenfold. C’est une progression.
Mais il est encore un peu tôt pour être certain car je n’ai
pas encore écrit les lignes vocales. Musicalement, les onze titres
dont nous avons déjà enregistré une démo sont
remplis de changements de rythme. Ils sont bizarres et très rentre-dedans.
Je suis extrêmement impatient de sortir le disque car je pense qu’il
sera très bon.
Le site de Bullet for my Valentine
http://www.bulletformyvalentine1.com
Epic - Sony BMG
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