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Guitare LiveMagazineGuitare Live N° 20Blind Guardian, en route vers une autre âme

Blind Guardian, en route vers une autre âme

Blind Guardian, en route vers une autre âme

Perfectionniste, Blind Guardian l’est, assurément. Quatre ans : c’est la durée que le groupe fait généralement attendre ses fans entre deux albums studio et A Twist In The Myth ne brise pas la règle. Dans le style, il marque en revanche une rupture. Finie la surenchère épique dans laquelle le quartette allemand s’était engagé depuis Somewhere Far Beyond. Retour donc à quelque chose de plus basique mais aussi d’un peu moins impressionnant pour l’auditeur… André Olbrich, un des plus sympathiques membres de Blind Guardian, nous explique que cela part bien d’une démarche consciente avant d’évoquer son travail en tant que guitariste.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac

A Twist In The Myth semble moins élaboré que vos précédents disques. Cela part d’une démarche voulue ?
André Olbrich : Oui. Nous passons beaucoup de temps à essayer de trouver de nouvelles idées. On ne peut pas se contenter de reprendre les mêmes concepts et suivre des schémas préétablis. Nous aurions pu être plus rapides en réappliquant cette formule mais A Night At The Opera était notre point d'orgue dans le style épique, et nous ne voulons pas refaire la même chose. Nous avons dû trouver quelque chose totalement nouveau et repartir à zéro, avec des éléments qui définiraient le style de Blind Guardian d'une nouvelle manière. Pour cela, nous avons apporté des guitares rythmiques plus dynamiques comme sur Fly mais aussi des chansons assez atypiques pour nous comme Another Stranger Me. En ce qui concerne la production, nous avons autant travaillé sur A Twist In The Myth que sur les quatre derniers albums. Nous avons toujours besoin de six mois pour bien bosser.

Tu disais que ce n’était pas possible pour vous de faire mieux qu’A Night At The Opera en termes épiques…
A.O. : Oui. A partir du moment où nous pensons que c'est parfait, nous ne savons plus trop quelle direction prendre. Nous avons eu le même problème avec les autres genres auxquels nous avons touché. Au début des années 90, c'était le speed metal, et après Somewhere Far Beyond, nous nous sommes dits que c'était ce que nous pouvions faire de mieux en la matière, donc pourquoi essayer de refaire un autre album de speed metal, qui ne serait qu'une copie mais avec des mélodies différentes ? Donc nous avons plus mis l'accent sur le mid-tempo avec Imaginations From The Other Side, et tenté de nouvelles sonorités... Et ça a marché. Et c'est ce que nous avons fait en permanence, nous essayons toujours de trouver un nouveau Blind Guardian.

Et, en définitive, vous avez cherché à faire quoi avec A Twist In The Myth ?
A.O. : De trouver quelque chose qui collerait au style Blind Guardian et qui nous plaise mais sans nous fixer d'objectifs particuliers. Nous l'avons fait de la manière inverse, en déterminant ce que nous ne voulions pas faire, et ensuite ça ne se passe plus de manière très réfléchie. Nous nous contentons de jouer, et quand nous avons une idée qui nous semble bonne, nous la gardons et nous construisons autour. Au milieu du processus d'écriture, nous avons eu l'idée de titres comme Fly et Another Stranger Me. Il y avait quelque chose de nouveau qui ferait évoluer le son de Blind Guardian, il fallait exploiter ces idées.

Il y a différentes périodes dans votre discographie. Est-ce que tu aimes encore tous les albums que vous avez sortis, y en a-t-il qui auraient dû être meilleurs ?
A.O. : Nous avons la volonté de créer quelque chose qui ait encore de la valeur dans dix ans, nous sommes perfectionnistes en quelque sorte. J'aime tous les albums que nous avons faits, mais je pense qu'il faut toujours voir un album par rapport à l'époque où il a été réalisé. Bien sûr, si aujourd'hui un groupe sortait un disque comme Batallions Of Fear ou Follow The Blind, ce serait pourri, mais à l'époque, c'était extrêmement moderne, parce que tous les groupes faisaient la même merde (rires).

Aujourd’hui aucun groupe ne sonne comme Blind Guardian…
A.O. : Nous faisons beaucoup d'efforts pour bâtir notre propre univers, notre propre son. C'est l'une de nos motivations principales, et si jamais elle n'existait plus, je pense que le groupe s'arrêterait. Si aujourd'hui, nous sonnions encore comme sur Somewhere Far Beyond, je ne verrais plus de raison de continuer.

A Twist In The Myth rappelle quand même un peu Imaginations From The Other Side et…
A.O. : (me coupant) Oui, il y a un peu de Imaginations From The Other Side, un peu de Nightfall In Middle Earth aussi... Nous avons pris les bonnes marques de fabrique. Dans une chanson comme Fly, j'entends ce que nous avons fait sur Imaginations, mais en plus moderne, adapté à l'an 2006. Notre principale inspiration, c'est ce qui nous entoure, comment nous vivons, ce que nous ressentons. Nous le retranscrivons en musique, et comme nos vies évoluent, la musique évolue également.

La seule chose qui n’a pas évolué d’un poil c’est l’univers fantastique des paroles et des pochettes. Vous n’avez jamais eu envie de vous écarter de cela ?
A.O. : Si tu enlèves le chant, et que tu n'écoutes que la musique, la plupart des gens y associeront des paroles inspirées d'univers fantastiques et c'est ce qui se passe aussi pour Hansi (ndlr : Kürsch, chanteur). Mais ce n'est pas uniquement de la "fantasy", c'est des métaphores pour des choses réelles qui nous entourent. Puis j'imagine mal une chanson comme Skalds & Shadows avec des paroles politiques par-dessus (rires).

As-tu utilisé des techniques de production particulières pour ta guitare sur l’album ?
A.O. : Pour avoir un son plus moderne, nous avons combiné les guitares rythmiques avec des synthétiseurs. Pas forcément pour rendre le son plus dense, mais surtout pour lui donner un aspect plus froid, plus "cyberpunk".

Et d’un point de vue créatif, y a-t-il eu des changements dans ta façon de procéder ?
A.O. : Avant, je composais mes parties de guitare séparément, sans me soucier de ce que faisait Hansi, et il devait trouver un moyen de coller avec mes mélodies. Cette fois-ci, ça a été le processus inverse, je devais suivre et soutenir la ligne vocale, et pour moi ce fut un grand changement dans ma recherche de mélodies. J'essaye toujours de faire un solo qui retranscrit l'ambiance générale du morceau en quelques mesures, une sorte de "chanson dans la chanson".

Le site de Blind Guardian :
http://www.blind-guardian.com/

Publié dans le magazine N° 20 de Septembre 2006


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