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SoundTalk : Comment choisir un micro guitare

Choisir son micro

La première étape consiste à écouter votre guitare non branchée et écouter le son acoustique. A-t-elle beaucoup de basse, ou très peu de basse ? A-t-elle beaucoup de medium, ou trop peu ? Vous devez définir la réponse en fréquences du bois de votre guitare. Cela semble difficile à première vue. Si vous n’êtes pas certain de comprendre comment fonctionne l’égalisation, tournez le bouton grave, medium, aigu de votre chaîne hi-fi pour entendre l’impact. Cela vous donnera une idée de ce que sont les basses, les mediums, etc.

Imaginons que votre guitare a une bonne réponse dans les basses, sans être trop forte. Il y a des mediums dans le son, mais pas beaucoup. Et il y a beaucoup d’aigus. Cela nous donnerait un schéma de la réponse en fréquence comme ceci :

On pourrait aller plus loin et essayer de voir exactement comment la guitare réagit en regardant des schémas de fréquence plus détaillés, mais n’allons pas trop vite.

Maintenant, il faut décider du son que nous voulons, et considérer le matériel que nous utiliserons. Ma suggestion est d’avoir une guitare qui, sans être branchée, sonne déjà au plus près de ce qui vous intéresse. Ensuite, vous ajusterez l’ampli. On fait comme cela en général, à moins d’avoir un ampli fantastique avec lequel on veut absolument jouer.

Continuons. Quelles sont les fréquences que l’on veut garder, celles que l’on va booster ? Les graves, les aigus ? Disons que nous voulons une guitare avec un son fidèle et neutre, donc une courbe de réponse plate dans les différentes fréquences. C’est ce que l’on a décrit le mois précédent dans la même rubrique. Pour y arriver, il nous faudra un micro qui possède une réponse moyenne dans les basses, beaucoup de mediums et très peu d’aigus. Ce micro ressemblerait à celui-ci :

Vous pouvez trouver ces diagrammes de réponse sur les pages des fabricants de micros, afin d’avoir une idée de leur comportement avant un achat. Ne les achetez pas si vous n’avez pas cette information importante.

Par exemple, un micro qui aura la réponse décrite dans la figure ci-dessous couperait les aigus, augmenterait les mediums et laisserait les basses telles quelles. C’est exactement ce qu’il nous faudrait pour avoir un son neutre sortant de la prise jack de la guitare.

Un autre exemple. On reprend la même guitare mais c’est pour jouer avec le groupe de metal local Fists of Fire et il nous faut un son creusé dans les mediums pour ce style de musique. On veut davantage de basse, moins de mediums et des aigus tranchants mais sans excès. Notre micro idéal aurait alors la courbe de réponse suivante :

Si l’on veut garder les aigus déjà présents, il n’est pas nécessaire de les booster davantage. Inutile aussi de booster les mediums. Par contre on souhaitait avec des basses plus présentes, et c’est le résultat qu’on obtiendra avec un micro ayant cette réponse.

En résumé, il faut contrebalancer l’égalisation de la guitare (les fréquences qu’elle met en avant ou dont elle manque) par une égalisation du micro, afin de tirer le son dans la direction qui vous plait.

Après avoir décidé de l’égalisation du micro, il nous faut décider du niveau de sortie. Deux micros qui ont un niveau de sortie fort ou faible sonneront différemment même si leur égalisation est identique. Les deux types de micro ont leur avantage et leur inconvénient. Le choix va, encore une fois, se faire en fonction de vos goûts et de votre matériel.
En général, un micro à faible sortie aura un son plus ouvert et plus chantant, avec davantage de dynamique (le volume varie d’autant plus que vous durcissez ou non votre attaque au médiator). Un tel micro rend mieux la couleur sonore du bois, et lui permet de s’exprimer. Un micro avec un niveau de sortie élevé donnera plus de gain à votre ampli. Le son sera plus épais et plus compact, plus puissant. Mais vous perdrez une partie de la dynamique et des nuances de votre jeu.

Un micro avec une sortie forte peut même vous donner un son compressé, qui donnera l’impression d’être relié à une pédale du type compresseur : cet effet réhausse les sons les plus faibles pour les mettre au niveau des sons plus forts. Et là, vous perdez beaucoup de finesse dans votre solo, de subtilité liée aux variations de volume entre des passages doux et d’autres plus énergiques.

Pour faire le choix, écoutez vos guitaristes préférés et voyez comment leur son réagit. Voyez si le son vire facilement à l’overdrive, s’il se colore avec une très légère saturation comme avec un micro ayant une sortie élevée. Essayez de savoir quel niveau de sortie l’artiste utilise pour ses micros.

Mon conseil ? Procurez vous un micro avec un niveau de sortie assez faible, tout en ayant le gain suffisant pour votre ampli. C’est un peu difficile à imaginer, à moins d’avoir la chance de pouvoir essayer les deux types de micro sur la même guitare. Mais à titre personnel, je préfère mettre le gain ailleurs que dans mon micro : je préfère augmenter le gain sur mon ampli qu’utiliser un micro avec un niveau de sortie élevé. Pour mes oreilles, les micros à faible sortie sont plus fidèles au son que je veux jouer.

Alors comment faire ? Une solution consiste à acheter les deux micros correspondant à l’égalisation voulue, l’un avec une sortie faible, l’autre avec une sortie faible. Essayez-les séparément avec votre ampli. Dès lors, vous saurez pour toujours ce que vous préférez et il sera toujours possible de revendre celui qui ne vous convient pas.

J’ai demandé à l’un des plus grands spécialistes des micros, Steve Blucher chez DiMarzio, qui a conçu des micros pour un nombre incalculable de stars de la guitare, comment il choisit les micros. Voici ce qu’il m’a dit :

« Il faut écouter la guitare d’une façon acoustique, sans la brancher. C’est la meilleure façon pour savoir quels micros sont faits pour elle. Malheureusement, c’est souvent difficile dans un environnement bruyant, comme un magasin de musique. Il faut aussi se fixer un but. J’ai toujours un son en tête, que je veux capturer. Si je veux reproduire le son d’une guitare donnée, le choix est assez automatique grâce à mon expérience passée. Mais je n’ai pas toujours raison même si j’ai la chance de travailler dans une fabrique de micros ! Je pense en tout cas qu’il n’est pas toujours possible de retrouver le son qu’on cherche simplement en remplaçant les micros. Une guitare qui manque de basses n’en aura pas de bien chaudes même si on essaie de les augmenter avec le micro. D’où l’idée d’avoir une guitare qui se rapproche le mieux possible de ce qui vous plait avant même de l’avoir branchée. »

Publié dans le magazine N° 10 de Octobre 2005


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