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SoundTalk : Comment choisir un micro guitare

Choisisir le bon micro en évitant de se tromper

Ok, nous revoilà pour une nouvelle discussion autour du matériel. Nous avons vu le mois dernier quelques principes à connaître pour décrire le son d’une guitare, savoir si elle manque de basses ou de médiums par exemple. Voyons maintenant comment corriger ses défauts ou améliorer ses points forts grâce aux micros.

Ce mois nous allons jeter un œil aux micros de la guitare électrique, et voir ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire. L’idée est de comprendre comment choisir le bon micro pour votre guitare, et le son que vous cherchez.

L’aspect important, après les mains et la guitare, dans la définition du son est les micros de cette guitare. On a besoin de trouver les bons micros pour amplifier la guitare en donnant le rendu que l’on attend. Trouver des bons micros peut être quelque chose de coûteux, qui prend du temps, et donc frustrant. Si bien que la plupart des guitaristes jouent avec les micros que leurs amis, leur idole ou le vendeur du magasin leur dit d’utiliser, même si ce micro est très loin de se rapprocher du son qui vous intéresse et que vous pourriez obtenir. Heureusement, il y a des raccourcis qui permettent de trouver le bon micro sans devoir tous les acheter.

Trois règles de base à connaître

Commençons d’abord par clarifier plusieurs choses.

Le premier point est qu’un micro ne peut pas ajouter quelque chose qui ne soit pas déjà là, qui attende d’être amplifié. Un micro peut seulement augmenter ou améliorer ce qui existe déjà, en augmentant ou en diminuant certaines fréquences dans le son. Vous aurez beau essayer de booster les basses, si au départ la guitare n’a pas de basse, c’est peine perdue.

La deuxième chose à savoir est qu’un micro ne peut pas sauver une mauvaise guitare. Si elle sonne mal ou faiblement, vous aurez juste la version amplifiée d’un son mauvais et faible.

Le troisième point est qu’un micro ne pourra jamais ajouter du sustain, de la tenue, à une guitare qui n’en a pas au départ. Un micro avec un niveau de sortie élevé amplifiera plus fort les petites vibrations de la corde qu’un micro à faible niveau de sortie, et cela peut donner l’impression d’avoir davantage de sustain. Mais les micros ne peuvent pas amplifier une corde qui ne vibre pas du tout, alors une guitare avec un sustain mort ne donnera rien même avec de bons micros. Cela dit, une guitare avec un sustain faible peut être très intéressante pour jouer des riffs metal en staccato (avec un jeu piqué) mais ce n’est pas ce que l’on cherche en général.

Le micro d’une guitare fonctionne comme tout microphone : il capte ce qu’il entend et le colore avec sa propre courbe d’égalisation.

Les catégories de micro

On distingue deux familles de micros : à simple bobinage et de type humbucker.
Il y a ensuite deux sous-familles, les micros passifs et actifs.

Il existe une grande différence dans le son entre les micros actifs et passifs, mais ils font la même chose : ils amplifient les vibration des cordes. Le choix entre les deux est une affaire de goût, et je vous recommande de tester les deux dans un magasin pour avoir une idée de la différence. Un micro actif est alimenté par une pile. Mais je ne ferai pas de différence dans cet article, car ils se comportent toujours comme des micros.

La différence entre les micros à simple bobinage (single coil en anglais) et humbucker est très importante. Le choix va décider de votre son, et pour se guider, une bonne astuce consiste à regarder quels micros utilisent les guitaristes que vous préférez.

Voici les caractéristiques de ces familles de micros.

Les micros à simple bobinage ont un son plus ouvert, plus clair, plus claquant.

On entend davantage l’attaque du médiator et la séparation des sons de chaque corde. Ils possèdent un niveau de sortie inférieur aux humbuckers et un peu plus de dynamique. On entend mieux les faibles variations de volume. Le son est généralement plus proche des mediums et plus léger que les humbuckers. Evidemment, il y a tellement d’exceptions à ce que je viens de dire que j’ai presque du mal à l’écrire. Mais pour l’instant, considérez cela comme vrai.

Les micros humbucker ont davantage de réponse dans les basses et les médiums mais un peu moins dans les aigus qu’un simple bobinage. Ils possèdent un niveau de sortie plus élevé mais un peu moins de dynamique, ce qui donne un son plus puissant et plus compact, plus tassé.

On entend moins distinctement la séparation entre les sons des différentes cordes.

J’ai parlé des niveaux de sortie des micros qui peuvent être élevés ou faibles. Beaucoup de modèles sont un peu des deux côtés de la frontière. Disons que la différence principale entre les micros à très faible niveau de sortie et ceux à niveau de sortie très élevée, est qu’ils réagissent différemment aux interférences extérieurs, et ne donnent pas la même quantité de bruit parasite.

Le niveau se mesure en millivolts. Il peut aller de moins de 100 mV pour un micro de faible sortie à 500 mV pour un micro à forte sortie. Il n’est pas facile de comparer entre les marques car chacune a sa propre méthode pour déterminer le voltage, comme nous l’explique Michael Atillo, ingénieur chez DiMarzio.

« Le niveau de sortie, c’est un sujet compliqué. Sur un micro doté d’un niveau de sortie élevé, lors de l’attaque du médiator, vous pouvez avoir un pic de tension qui atteint 12 Volts ou même plus pendant quelques micro-secondes ! Cette tension est très variable et vous pouvez avoir des résultats un peu différents chaque fois que vous mesurez. La tension change aussi si vous utilisez différents réglages sur la guitare, ou avec le câble interne de l’instrument. Alors au fil des années, chez DiMarzio, nous avons choisi une méthode de mesure précise. Nous montons le micro sur une guitare toujours identique, avec la hauteur des cordes et un tirant bien précis. On joue une corde à vide (toujours la même) plusieurs fois avec toujours la même technique. Nous mesurons le voltage RMS dans une capacité de 20 k-omhs à 333 millisecondes après l’attaque du médiator. Nous faisons plusieurs mesures puis la moyenne : cela donne le chiffre que l’on publie sur notre site web. Les chiffres aident donc à comparer entre les micros de nos gammes, mais ne sont pas vraiment exploitables pour comparer avec d’autres marques ».

Donc, considérer le niveau de sortie comme quelque chose dont la précision est relative d'une marque à l'autre.

Quelle est la mission d’un bon micro ? Il doit s’associer à la guitare et son bois pour augmenter les fréquences qui vous plaisent, pour donner le meilleur de la guitare. Un bon micro peut aussi améliorer la séparation du son entre chaque corde lorsqu’on joue un accord. Un bon micro vous fera entendre des notes séparées alors qu’un mauvais micro transformera l’accord en bouillie sonore.

On peut dire qu’un bon micro fait la différence entre une bonne et une excellente guitare. Installer un mauvais micro sur une bonne guitare revient à mettre un moteur de tondeuse dans une Ferrari. Ce n’est pas rendre justice à l’instrument : la chaîne du son aura la faiblesse de son plus mauvais maillon.

Alors, comment choisir son micro. En fait, c’est plus simple que vous ne pensez.

Publié dans le magazine N° 10 de Octobre 2005


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