Le 07/04/2013
Ça devient blasant de répéter toujours les mêmes choses, et je ne parle pas du Blues, ni de Blueburd... Mais à son corps défendant, Mikka n'était pas là quand ces choses ont été écrites, alors je vais essayer une autre formulation du même truc pour pas devenir ennuyeux, parce que tout le monde il a un peu raison, et tout le monde il a un peu tort, et que l'écriture ça ressemble un peu à du blues si on module pas trop...
C'est un noble objectif, la "pédagogie", et habituellement ça permet de faire progresser, ou d'en donner le goût. Si ça donne envie de foutre le camp, il y a un problème, il me semble. Un prof à qui on reprocherait un fort taux de "décrochage" dans sa classe pourrait difficilement expliquer que, pourtant, il est bon pédagogue, alors ça passe ou ça casse, et tant pis pour les egos fragiles. On sait tous qui se ferait remettre l'ego à la bonne place...
Progresser à la guitare, comme l'a souligné Jean-Claude récemment, ça peut prendre du temps, tout dépend de ce qu'on décide de travailler ou pas. La mise en place, la précision, les effets de jeu, la théorie, ça fait beaucoup de choses à tripoter en même temps, et certains trucs peuvent prendre des années à digérer pour que ça devienne bien "intégré" dans le jeu, SURTOUT en impro. Mais la progression n'implique pas qu'on doive forcément abandonner les styles qu'on aime pour se lancer dans le classique ou la dodécaphonie, ou qu'on doive orienter son jeu au bon vouloir de chaque auditeur. On n'est pas des juke-box, on est des artistes, avec des goûts, une histoire, des projets, une "vraie vie" hors d'ici.
Les défis se succèdent rapidement, si on compare au temps requis pour intégrer la nouveauté au jeu. Il ne faut donc pas s'étonner d'entendre, sur une période donnée, les mêmes choses jouées par les défieurs d'un défi à l'autre. Ça ne veut pas dire qu'ils ne bossent pas ou ne veulent pas avancer! La progression s'observe mieux sur de longues périodes, alors je comprends que ça peut devenir extrêmement agaçant pour ceux qui se font dire, sur la période "courte" de quelques semaines, qu'ils jouent "toujours les mêmes trucs", ou qu'ils ont tel ou tel "défaut" de jeu. Pour la plupart, nous connaissons tous ces défauts, et espérons qu'à force d'y mettre de la pratique, on finira par les faire disparaître, sauf si ce qu'on nous reproche est relié à nos goûts, bien sûr. On ne va pas aimer le jazz pour faire plaisir aux autres, alors c'est un peu normal qu'on investisse moins de temps de pratique sur ce style, pour donner un exemple courant. On signale une lacune, très bien, on fait notre petit boulot "pédagogique", puis on laisse le temps faire. Relever le même truc sur chaque prestation d'un participant, c'est pas très judicieux, et ce n'est pas très pédagogique non plus si ça finit par le décourager. Et ça manque foncièrement d'empathie. Pourquoi alors se surprendre si, après une bonne période de temps, les défieurs habitués au jeu de chacun, ne passent pas leur temps à se "dire les vraies affaires", et que ça ressemble plutôt à du "bisounours"? Tenez-vous bien : parce que répéter constamment du négatif qui ne se corrige qu'avec des mois de travail, quand c'est NÉCESSAIRE et pas juste une question de "goût", ce n'est pas "pédagogique", c'est maladroit et indélicat, tout simplement.
Alors, Mikka et Blueburd, j'espère que vous allez y aller un peu plus doucement avec le "bisounours" sur les défis, parce que ça a au moins l'indéniable avantage de ne pas faire mal à l'ego des artistes, et ça ne veut absolument pas dire qu'on devient sourd si on ne frotte pas les bobos qu'on a frottés juste hier, et avant-hier, et la veille, encore et encore.
Si ce que j'expose ici vous semble irrationnel, hypocrite, biaisé, partisan, nono, pleutre ou whatever, il y aurait peut-être lieu de vous questionner sur les raisons qui pourraient vous pousser à braquer davantage le projecteur sur les aspects négatifs du jeu d'un participant plutôt que sur les aspects positifs.
Voilà.