Porcupine Tree vs. Oceansize
On vous a déjà récemment parlé
de Porcupine Tree et d’Oceansize, deux groupes proches musicalement
et dans la vie, mais leur actualité est tellement dense que tout
occasion est bonne à saisir pour s’entretenir avec eux. Et
en ce jour de grève de taxis parisiens, l’interview sera
d’autant plus agréable qu’une rencontre entre Steven
Wilson, tête pensante en chef de Porcupine Tree, et les piliers
six-cordistes d’Oceansize, Gambler (également claviériste)
et Mike Vennart (également chanteur), est possible. Une discussion
entre amis dans laquelle nous nous sommes glissés et qui révélera
quelques détails amusants sur le parcours de deux groupes en pleine
ascension méritée.
Propos recueillis par Nicolas Didier Barriac.
Revenons sur vos débuts respectifs. Steven,
les premiers trucs que tu as écrits ont été le fruit
d’un travail solitaire exclusivement, n’est-ce pas ?
Steven Wilson : Oui. La solitude a été un peu mon pain
quotidien durant toute ma vie… Tout ce que j’ai entrepris
a toujours été initié par moi-même car je ne
voyais pas qui d’autre aurait pu trouver cela intéressant.
Porcupine Tree ne fait pas exception : c’était difficile
de trouver des gens pour m’accompagner au début alors qu’avec
quelques albums déjà établis de bons profils sont
venus à moi. J’avais aussi fondé un groupe de heavy
metal, Paradox, quand j’avais douze ans et que je venais de découvrir
Iron Maiden, Saxon, Diamond Head, etc. Mes parents m’ont acheté
une guitare Kay. Vous vous rappelez de ça ?
Mike Vennart : C’était ma première également !
Elle ressemblait vaguement à une Stratocaster.
S.W. : La mienne était sunburst et coutait 25£ !
Elle m’a en tout cas permis de former mon premier groupe alors que
j’étais encore à l’école. Ce fut le premier
d’une longue liste de combos pourris auxquels j’ai participé
dans les années 80 ! J’avais une veste avec des patchs
de Praying Mantis et de Saxon [rires].
Et du côté d’Oceanize, est-ce que
vous aussi vous avez dû multiplier les groupes pour trouver les
bonnes personnes pour vous lancer sérieusement ?
Gambler : Oceansize existait sur papier avant même que le groupe
ne soit formé.
M.V. : Notre batteur, Mark Heron, et moi parlions de monter un groupe
depuis des années avant que nous ne passions à l’acte.
Bizarrement, il croyait que nous allions faire un power trio avec Jon
Ellis à la basse. Mais quelques jours avant notre première
répétition, je l’ai informé que Steve Durose
allait également nous rejoindre à la guitare. Je lui ai
parlé de mon pote Gambler qui était arrivé de Leeds
la semaine d’avant et qui ferait un bon claviériste [rires].
Voilà comment le groupe s’est monté : dans la
confusion et sur un malentendu ! Avant cela, je n’avais joué
que des trucs insignifiants. En fait, tous les groupes auxquels j’ai
participé étaient parasités par la volonté
de plaire. À mon sens, c’est la meilleure façon possible
d’écrire de la merde. Néanmoins, j’ai beaucoup
de respect pour les gens qui écrivent de bonnes chansons pop. D’ailleurs,
je crois qu’il est plus difficile d’y arriver que de composer
un morceau fleuve de jazz ultra complexe [rires].
D’ailleurs, Steven, cette recherche de la « pop
song » parfaite a toujours été une de tes ambitions
au travers de Blackfield notamment ?
S.W. : Oui c’est exact. Maintenant je garde mes idées
pop pour Blackfield car sur Fear Of A Blank Planet de Porcupine Tree nous
avons laissé tomber ce style. Il est vrai que je suis un grand
admirateur de gens comme Brian Wilson, Paul McCartney, Jeff Lynne ou ABBA
car ils pouvaient écrire des chansons phénoménales.
Elles ont peut-être un côté "gnangnan" mais
elles sont aussi immortelles. Comme le dit Mike, il est extrêmement
dur de parvenir à faire cela de façon convaincante. Avec
le temps, j’ai réalisé que je n’y arriverais
pas malgré mes tentatives. Mon domaine d’expertise –
si je peux l’appeler comme ça – réside davantage
dans des morceaux plus ambitieux et complexes contrairement à Aviv
Geffen. C’est pour cela que j’aime écrire avec lui
au sein de Blackfield.
À part Aviv Geffen, tu n’as mentionné
que des gens qui se sont faits connaître dans les années
60 ou 70. Penses-tu qu’encore aujourd’hui il y a des artistes
exceptionnels dans la pop ?
S.W. : Oui. Je ne suis pas un gros fan mais je dois dire que Coldplay
écrit des choses formidables.
M.V. : J’allais dire la même chose !
S.W. : Je n’achèterais pas leurs disques mais lorsque
j’entends Speed Of Sound ou Fix You, je suis très admiratif.
Je pense qu’il s’agira des Penny Lane et I’m Not In
Love de demain.
M.V. : Go Your Own Way !
S.W. : Exactement : Fleetwood Mac – Rumours est un autre
grand classique intemporel. Il est à mon sens de plus en plus difficile
d’être bon dans ce domaine car tout le monde a le même
son de nos jours. Il n’y a plus autant d’inventivité
dans la production aujourd’hui surtout en comparaison du travail
accompli sur I’m Not In Love par exemple où le producteur
fait un boulot monstre sur les voix et les textures. Heureusement, il
reste des types comme Trent Reznor. Il n’écrit certainement
pas les meilleures chansons du monde mais sa production est fabuleuse.
Tu le laisserais produire un disque de Porcupine Tree ?
S.W. : Oui et c’est bien le seul que je laisserais approcher
de ma musique ! J’adorerais entendre ce qu’il en ferait
[à ce moment, Mike Vennart part pour une autre interview].
Gambler, y a-t-il une chanson ou un album de Porcupine
Tree que tu apprécies particulièrement ?
G. : J’adore la chanson avec un papillon de nuit sur l’écran
géant, là… Tu vois laquelle c’est ?
S.W. : Je ne sais pas, je joue toujours face au public et donc dos
à l’écran [rires]. Ah si, je pense que c’est
The Start Of Something Beautiful.
G. : Oui c’est celle-là ! La mélodie est très
jolie ainsi que le solo. En fait, pour les albums je préfère
les vieux disques pour être franc.
Et toi, Steven, que penses-tu d’Oceansize ?
S.W. : Leur dernier album est le meilleur des trois, je trouve. Mon
titre préféré figure en revanche sur le deuxième
album. C’est la dernière piste, Ornament/The Last Wrongs.
Sur le nouveau mes préférées sont Commemorative 9/11
T-Shirt et Sleeping Dogs And Dead Lions.
G. : Sur Frames, nous sommes revenus à un style plus proche
du premier album en opposition aux anthems d’Everyone Into Position.
Nous voulions un disque plus proche de nos personnalités. Je dois
avouer que nous avons délibérément cherché
à sortir deux singles sur Everyone Into Position… De ce fait,
le disque est très « naturel » et aucun single
n’est en vue ! Nous ressentons à nouveau l’esprit
initial du groupe.
Oceansize sera en concert en première partie d’Apocalyptica
le 6 mars à l’Olympia.
Snapper – Wagram (Porcupine Tree – Nil Recurring)
InsideOut – Wagram (Oceansize - Frames)
www.porcupinetree.com
www.oceansize.co.uk |