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Toto : Steve Lukather en eaux troubles Guitariste de légende ayant travaillé avec les plus grands musiciens et producteurs (Jeff Beck, Paul McCartney, George Harrison, Elton John, Aretha Franklin, Eddie Van Halen, Quincy Jones, Trevor Horn etc), Steve Lukather est surtout connu pour être le leader de l’usine à tubes Toto. Loin de prendre sa retraite, le groupe vient de sortir Falling In Between, un album pop/rock revigorant qui flirte avec le progressif. Il nous explique les raisons de cette alchimie. Propos recueillis par Nicolas Didier Falling In Between comporte des relents progressifs et jazz qui
jusqu’ici n’avaient jamais été aussi explicites.
Pour autant le côté rock est toujours bien présent.
C’est difficile de vous cataloguer… Mais une fois que l’on a digéré les éléments plus heavy du disque, on y retrouve également clairement ce qui constituait les albums classiques de Toto à travers l’importance donnée aux claviers. Notre but principal était quand même de réveiller tout le monde. Et j'aime vraiment toutes les chansons, ce sont toutes mes enfants. En fait, je suis surtout content que pas mal d'idées hard rock voire metal ait été exploitées sur l'album. A l’avenir, est-ce que vous allez chercher à surenchérir
au niveau des riffs heavy et des constructions progressives ? Ou bien
allez-vous chercher à surprendre différemment ? Comme d’habitude avec Toto, il y a plusieurs chanteurs
qui se relaient sur Falling In Between. Comment avez-vous décidé
de la répartition des lignes vocales ? Je me rappelle souvent avoir demandé à Greg (Phillinganes) de chanter sur ce que j’avais écrit car je trouve qu’il est très bon. C’est une bonne recrue pour le groupe car son jeu de claviers est excellent. Tout ça pour dire que nous fonctionnons à l’instinct, et que nous ne nous prenons pas trop la tête là-dessus. Penses-tu que par le passé vous avez fait des choix peu judicieux
sur certains morceaux, en ce qui concerne la répartition les lignes
de chant ? Avant la parution de l’album, nous avons pu entendre le
single Bottom Of Your Soul. Comment avez-vous choisi ce morceau ? Cet
album n’est pas vraiment « radio friendly »… Le titre dans lequel je croyais le plus n’est même pas sur l’album, finalement (rires). Il y a tellement de goûts différents dans la musique que Bottom Of Your Soul pourra déplaire à certains tout en faisant plaisir à d’autres. C’est très étrange. En tout cas, les radios passent Bottom Of Your Soul et les critiques sont très positives. Il y a clairement un bon buzz autour de cet album ce qui signifie que notre maison de disques fait du très bon boulot. En revanche, je tiens à préciser que nous n’avons pas essayé d’écrire de singles pour Falling In Between. Notre but était simplement de faire un bon album rempli de musique que nous aimons. S’il y a une chanson qui plaît au public, tant mieux. Mais pour un groupe comme nous, c’est très difficile de se tailler une place à la radio. Toutes les stations ciblent les adolescents : nous nous retrouvons en compétition frontale avec Mariah Carey ou toute la scène hip-hop. Dans ces conditions, que quelqu’un passe une chanson de l’album -n’importe laquelle- est déjà une belle victoire. Après nous savons que nous pouvons compter sur nos fans fidèles qui viendront à nos concerts et achéteront le disque et nous espérons leur faire plaisir. Toto a passé la plupart de sa carrière chez Sony ou EMI
et tu n’as pas toujours été très content de
cette situation. Aujourd’hui le groupe a signé chez l’indépendant
Frontiers. Avec le recul, qu’est-ce qui été le plus
frustrant de faire partie de majors et comment juges-tu la situation actuelle
? En revanche, depuis que nous sommes chez Frontiers, tout va pour le mieux. A titre d’exemple, j’ai donné plus d’interviews que durant les vingt dernières années. Frontiers fait tout ce qu’il est possible pour nous pousser en avant. En plus, il, nous ont fait une offre contractuelle incroyable (rires). Ils ont doublé ce que les autres maisons de disques nous proposaient. Enfin, ce n’est que le début de notre relation ; il faudrait donc que tu me reposes la question à la fin de l’année pour savoir ce qui s’est passé et si nous sommes réellement satisfaits ! Toto a toujours été populaire en France ? Comment
expliques-tu cette relation privilégiée que vous entretenez
avec vos fans français ? Aux Etats-Unis, il est tout à fait possible de rencontrer un succès immense lors d’un album et être immédiablement oublié dès le suivant. Cela nous est même déjà arrivé ! Pour en revenir à la France, avec le nombre de dates que nous avons fait dans ce pays, les gens savant que nous sommes bons sur scène. Ainsi, à chaque fois que nous passons, ils viennent. Car ils sont confiants que nous allons donner de bons concerts. Pareil pour les albums, car ils savent qu’il y aura à chaque fois des choses qui leur plairont dessus. Tu es donc confiant pour la réussite de votre nouvel album
et de votre tournée ? Nous sommes remontés à bloc grâce à la tournée. Nous sommes plus contents que jamais de faire de la musique. Peu de groupes jouant depuis trente ans peuvent en dire autant et cela nous rend excessivement fiers. Nous ne sommes pas un boys band à la MTV, nous sommes juste un groupe de très bons musiciens passionnés par leur musique et qui veut la promouvoir au mieux. Je suis très heureux de faire partie de Toto. J’ai eu une super vie grâce à cela. Toto a toujours été intéressé par les différentes
possibilités offertes par les évolutions techniques. Y aura-t-il
par conséquent un mix 5.1 de Falling In Between ? La tournée européenne sera en trois actes et je pense que nous enregistrerons le DVD durant notre deuxième passage, à l’automne. Après cela, nous pourrons penser à notre trentième anniversaire où nous souhaitons ramener tous les anciens membres du groupe avec nous sur scène. Il faudra bien s’organiser mais cela risque d’être énorme. Je sais que tu t’intéresses à la jeune génération
de groupes de rock/metal et que tu aimes particulièrement The Mars
Volta et Children Of Bodom. A quand ces groupes en première partie
de Toto (rires) ? Il faut reconnaître que majoritairement, le metal intéresse les jeunes donc cette affiche ne marcherait pas, à mon avis. Nous arrivons quand même à intéresser des métalleux car nous sommes de bons musiciens. Certains se déplacent pour voir Simon Phillips, d’autres pour moi etc. Certains fans de rythm’n’ blues viennent aussi pour Greg Phillinganes. Comme le dit le titre de notre dernier album, nous oscillons toujours entre deux styles de musique. Mais dans nos têtes, nous sommes aussi quelque part entre un ado de quinze ans et un vieux de soixante-quinze ans ! Peux-tu nous dire où en est le coffret de raretés
et d’inédits promis depuis 1999 ? Quant à faire un véritable coffret, cela ne me paraît guère réalisable dans l’immédiat. Pour proposer de bons inédits, il faudrait aller fouiller dans les archives et cela représente un travail monumental qu’aucun de nous ne pourrait réaliser dans l’immédiat à cause de la longue tournée dans laquelle nous nous engageons. Il n’y aurait que David Paich, qui ne nous accompagne pas sur la route, qui pourrait s’en charger mais je ne crois pas que cela figure parmi ses projets… Est-ce que tu penses participer à un G3 un jour ? Le site de Steve Lukather : |