The Mabuses : space rock et bizarreries seventies
Groupe culte, The Mabuses ne vit aujourd’hui que par et grâce
à Kim Fahy, un compositeur de choc qui se produit de ville en ville
avec un line up changeant pour donner vie aux chansons de son répertoire.
Ce dernier se voit enrichi des quatorze pistes de Mabused!, un OVNI rock
en permanence entre ritournelles pop et space rock orchestral à conseiller
aux amateurs de bizarreries seventies égarées dans notre époque.
Par Nicolas Didier Barriac
Pour les plus jeunes, peux-tu revenir sur les débuts du groupe
et sur cette pause entre vos deux derniers albums (plus de treize ans) ?
Kim Fahy : C’est vrai que ça remonte à une autre époque,
tout ça ! C’est impossible de résumer quatorze
ou quinze ans en quelques minutes. J’ai tout de même beaucoup
travaillé durant ce temps et j’ai collaboré avec plein
de gens. J’ai joué de la musique et j’ai voyagé,
je crois que c’est un bon résumé de mes activités
[rires].
Pourquoi n’y a-t-il eu que si peu de disques des Mabuses ?
Mabused! n’est que le troisième…
K. F. : [longue réflexion] Nous avons beaucoup enregistré
mais peu sorti d’albums. Je suppose que le contexte n’était
pas bon… De plus, Nick Griffiths notre producteur et un très
bon ami à moi est mort des suites d’une maladie. Lors de
notre dernière conversation téléphonique il m’a
demandé comme une faveur de faire un nouvel album de The Mabuses.
Mais même avant cette conversation, nous travaillions encore sur
des chansons du groupe. C’était fait en permanence mais sans
grand sérieux quant à une sortie commerciale. Nick a été
le catalyseur de ce nouvel album. De plus, je tiens à dire aux
gens qui veulent vraiment savoir ce que j’ai fait pendant tout ce
temps que leurs réponses sont à trouver au sein de Mabused!.
Dans les paroles ?
K. F. : Oui mais aussi et surtout dans la musique. Il faut prendre
chaque chanson comme une scène de film et en tirer les conclusions
qui s’imposent par rapport à cela.
Y a-t-il des chansons sur le disque qui sont vieilles ou datent-elles
toutes plus ou moins de l’époque où Nick Griffiths
nous a quittés ?
K. F. : Il y a quelques vieux morceaux comme « I’m
The Greatest ». C’est une version retravaillée
mais une ancienne chanson néanmoins. Je l’avais oubliée
et puis j’ai décidé d’en tirer la substantifique
moelle. Son ambiance me plaisait.
Avec les années, est-ce que tu appris à reconnaître
une « bonne » chanson plus facilement qu’à
tes débuts ou est-ce que cela reste encore et toujours une notion
assez floue et subjective ?
K. F. : Je cerne mieux le sujet, oui. Pour moi il faut qu’une
bonne chanson ait un caractère instantané. Il faut qu’elle
soit à la fois familière et peu familière. Il faut
que ce soit une surprise mais une surprise remplie de plaisir. Ce sont
ces chansons-là qui m’émeuvent le plus. Ça
m’arrive encore assez souvent avec la musique d’autres groupes.
Parfois même avec ma propre musique aussi !
Quels sont les groupes qui t’émeuvent dans la scène
actuelle, alors ?
K. F. : The Arcade Fire, The Coral ou Kings Of Leon. Il y a de bonnes
guitares là-dedans.
Depuis que la musique est ton gagne-pain, est-ce que le plaisir d’écouter
de la nouvelle musique est toujours aussi intact que lors des premières
années où tu découvrais les grands classiques ?
K. F. : Oui. Quand je tombe amoureux d’un nouveau truc, je
me retransforme en vrai fan [rires]. J’ai eu à peu près
le même genre de réaction en découvrant Pierre Et
Le Loup que du My Bloody Valentine. Ce sont tout simplement deux exemples
de musique exceptionnelle. J’adore [rires]. Quand quelque chose
m’a plu au départ, généralement, je reste ensuite
très fidèle. Ce ne sont pas des modes passagères.
Sur Mabused! le titre « Garden Devils » est entièrement
symphonique. Comment as-tu composé ce morceau ? C’est
fondamentalement différent comme processus par rapport à
une de vos chansons habituelles ?
K. F. : [longue pause] Pas vraiment, en réalité. Le
gros du travail se fait sur les arrangements. De plus, il n’y a
pas de chant donc il faut considérer ce titre comme instrumental
ce qui n’est pas toujours évident. Ce fut en tout cas une
expérience très intéressante et c’est indéniablement
quelque chose vers lequel je veux tendre à l’avenir. Pour
le moment, il n’y a rien de très concret mais je pense que
Garden Devils ferait une bonne bande originale pour un documentaire. Ce
morceau possède un côté cinématographique évident.
J’ai quelques projets pour des B.O. dans le viseur notamment pour
une série policière qui passe à la télévision
anglaise. Je bosse dessus depuis deux mois. Je mets le paquet de violons
et de cuivres et j’en profite également pour jouer du theremin
pour la première fois de ma vie.
Tu as déjà touché à énormément
de styles. Y a-t-il encore des projets qui te tiennent à cœur
que tu n’as pas eu le temps ou l’opportunité de réaliser ?
K. F. : Oui, plein. J’aimerais faire un album acoustique par
exemple. Pas un live acoustique mais un album de nouvelles compositions,
toutes acoustiques. Ça serait intéressant. J’ai déjà
quatre ou cinq chansons de prêtes. Plus que neuf à dix à
faire, donc [rires] ! Et puis dans des projets d’apparence
anodins il peut y avoir de sacrément bonnes surprises, comme cette
histoire de theremin. Par ailleurs, j’ai toujours plein de musique
en tête et je tiens à l’enregistrer un jour ou l’autre.
Tu joues d’à peu près tous les instruments. Quel
est ton préféré ?
K. F. : La guitare. C’est mon truc. Je suis un assez mauvais
musicien à part sur ma guitare, en fait. J’utilise aussi
le piano pour composer mais c’est la guitare qui me plaît
le plus, bien que j’ai commencé par le piano. J’étais
dingue des Beatles donc il fallait bien que je joue de la guitare !
Je suis autodidacte en revanche…
Si tu avais pris des leçons, tu penses que ça aurait changé
de manière de composer ?
K. F. : Sans doute. J’aimais découvrir l’instrument.
Il me semblait qu’à chaque fois que je prenais ma guitare,
quelque chose de nouveau en sortait. Avec des cours, je ne sais pas si
cela aurait été pareil… À mon avis, si on arrive
à apprendre tout seul il ne faut pas s’arrêter.
Tu es plutôt Fender ou Gibson ?
K. F. : Fender à 100%. Les Jaguar avant tout. Pour moi
les Gibson sont trop « rock ». Il n’y en fait
que les SG que j’aime bien. Mais le son et la précision des
Fender sont inimitables. Je suis quasiment toujours resté fidèle
à Fender, et aux Fender Vox aussi.
The Mabuses – Mabused!
Magpie Records
http://www.themabuses.com |