Découvrir Guitare Live | Qui sommes-nous ? | Aide & support | CGU & CGV | Cookies | Abonnement | Copyright Audio Print © 2000-2024, tous droits réservés
Elles servent en premier lieu à renforcer la table, dont la surface est bien trop grande par rapport à son épaisseur et, surtout, par rapport à la tension des cordes qu’elle doit encaisser au quotidien.
Si l’on plaçait les barres de la sorte : …elles seraient parallèles aux fibres du bois, créant, au contraire du but recherché, des points de rupture nette, telle une tablette de chocolat posée sur le manche d’un couteau. Certains luthiers courbent les barres en force : droites à l’origine, elles adoptent la courbure concave de la table contre laquelle elles sont pressées lors du collage. D’autres luthiers préfèrent donner à la base des barres une courbure méticuleusement adaptée à celle de la table, et effectuent le collage avec une pression minimale, fuyant la contrainte d’une barre dont la tendance, tout au long de sa vie, pourrait être de se redresser. Ensuite, bien-sûr, chaque luthier cherche à personnaliser le schéma du barrage. On trouve, pour la seule guitare classique, une multitude de variations autour du thème "Torrès". Bien évidemment, toutes sortes d’autres dessins ont été inventées, toutes sortes d’autres pistes ont été explorées : utilisation de techniques venues d’ailleurs (lutherie japonaise) ou inspirées de domaines aussi pointus que l’aéronautique ; l’ordinateur a naturellement été amplement sollicité au cours de la dernière décennie, ainsi que la modélisation mathématique. Les symétries ont été autant étudiées que les dissymétries, les rapports de poids les plus extrêmes ont été comparés aux lois d’épaisseur les plus complexes. Un exemple spectaculaire est offert par le résultat des travaux du Dr. Kasha : Et pourtant… il semble que Torrès ait défini les proportions de l’instrument et le positionnement des barres avec tant de perfection que toutes les tentatives d’amélioration de ce schéma et de ces cotes soient vouées à un échec plus ou moins cuisant. Souvenons-nous que, pour démontrer l’importance de son travail sur la table d’harmonie (dont il est déjà convaincu qu’elle est la pièce maîtresse de la guitare), Torrès construit, en 1862, un instrument dont le fond et les éclisses sont en carton. Conservée au Museu de la Musica de Barcelone, elle n’est plus jouable aujourd’hui, mais ceux qui l’entendirent reconnurent immédiatement le bien-fondé du travail de Torrès. Notons que les physiciens modernes aboutissent aux mêmes conclusions que le maître de San Sebastian de Almeria, qui, quasi autodidacte, travaillait de manière intuitive. Pour finir, je me dois d’évoquer les multiples barrages, surtout en X, développés pour la guitare à cordes acier. On trouve des barrages sur toutes sortes d’autres instruments, par exemple sur les tables des pianos et des clavecins. Depuis toujours, les facteurs d’instruments gardent jalousement le secret de leur barrage, n’hésitant pas à brouiller les pistes par divers subterfuges… par exemple, les enquêteurs de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert se sont faits magistralement et humoristiquement berner par les facteurs de clavecin de l'époque ; l'illustration publiée dans l’encyclopédie représente un barrage absolument inexploitable !
…levons un coin du voile sur le travail le plus intime du luthier… Le bloc qui sert de matériau de base à la fabrication des barres est fendu et non scié, afin de respecter fidèlement le fil du bois :
Une fois cette direction repérée, on termine la préparation au rabot et à la scie :
Voici les blocs retaillés ; l’épaisseur de chacun d’entre eux correspond la hauteur des barres auxquelles ils sont destinés :
Ensuite, on les taille une dernière fois : C’est là que le luthier peaufine les proportions de chaque barre.
|