Michel-Yves Kochmann, alias MYK, est le guitariste
qu’on entend derrière Alain Souchon, Jane Birkin, Laurent
Voulzy ou Les Enfoirés. Le Dobro de « l’amour à
la machine », c’est lui. A l’occasion du lancement de
son site officiel, qui révèle un parcours riche et une actualité
bouillonnante, c’est dans le jardin d’un calme pavillon, en
banlieue parisienne, que MYK nous accueille. Souriant, décontracté,
un peu à l’image de sa musique…interview lumineuse
d’un homme de l’ombre.
J’ai pu lire sur ton site que tu n’es pas ce qu’on
peut appeler un autodidacte. Dès 9 ans, première guitare
et début des cours, à 20 ans tu sors diplômé
d’histoire de la musique et à 21 ans, médaillé
de solfège et Premier prix du conservatoire national de la région
de Tours. Rien que ça ?
Pour le côté autodidacte ou académique, ça
dépend de la façon dont on regarde les choses. J’ai
fait des études classiques, mais je me suis vite rendu compte que
je ne voulais pas devenir musicien classique. En même temps, mes
parents me donnaient l’opportunité de prendre des cours et,
aussi par envie d’avoir un cursus « officiel », j’ai
continué jusqu'à la médaille d’or. Mais j’avais
aussi un frère aîné qui écoutait les Beatles,
les Stone, Hendrix dans la piaule à coté, et ça m’a
tout de suite plu. Je ne me suis pas mis tout de suite à la guitare
électrique pour autant, mais tout ce qui déborde du cadre
de la musique classique, je l’ai appris en tant qu’autodidacte.
Tu as commencé par le classique à cause de tes
parents ?
Non, pas du tout, c’était une demande de ma part. J’ai
toujours aimé toucher aux instruments de musique. Lorsqu’on
allait chez des amis qui avaient un orgue ou une guitare, ou même
un autre instrument, je pouvais rester des heures devant à m’amuser.
Ma mère, qui était chanteuse et comédienne, m’a
demandé un jour si je voulais prendre des cours avec Patrick De
Belleville, avec qui elle avait déjà travaillé. Ils
sont allés me choisir une guitare classique, et le jour de mes
9 ans, j’ai commencé les cours de guitare. Tout ça
pour dire que ça n’était pas une contrainte. Ca l’est
peut être devenu plus tard quand je suis entré dans des classes
difficiles. C’est probablement pendant l’adolescence que je
me suis dit que la musique classique, ça serait moins mon truc.
Ensuite, tu as enchaîné les expériences de
musicien de scène…
Pendant mon adolescence, pas mal de choses se sont passées. Un
ami bossait déjà dans les milieux rock du coin, il me montrait
des trucs. J’accompagnais aussi les chanteurs qu’on appelait
« rive gauche » à l’époque. Toutes mes
économies, je les passais à acheter du matériel,
acheter les pédales et je restais des heures à tester des
choses, j’étais vraiment passionné par ça.
J’ai aussi donné des cours comme pas mal d’étudiants
en musique. Et puis à l’âge de 20 ans, je suis parti
bosser comme bassiste pour le cirque Pinder. Je n’appellerais pas
ça un petit boulot parce que c’était vraiment un enfer
! Entre quatre et cinq cents bornes par jour, un voire deux spectacles
de 3 ou 4 heures dans la journée, de la lecture de partitions à
perte de vue, en plus le résultat final était assez laid.
Il fallait constamment être sur le qui-vive, surveiller les éléphants
qui finissent le tour de piste… En même temps c’était
une sacrée expérience, et j’avais vraiment l’impression
de gagner ma vie.
Et suite à ça, tu montes à Paris !
Oui, j’avais été appelé par un petit groupe
qui s’appelait Quai des brumes. Je me suis dis que c’était
le moment de rejoindre la capitale.
Un peu comme « je me voyais déjà »
d’Aznavour ?
Oui, il y avait de ça. J’allais traîner dans les boîtes
pour essayer de taper le bœuf. J’ai aussi participé
à l’enregistrement d’un disque pour un chanteur rencontré
à cette époque. Le type qui manageait ce chanteur était
le secrétaire de Jeanne Mas. Je me suis retrouvé un peu
soudainement à jouer à l’Olympia pour Jeanne Mas,
avec des musiciens comme Guy Delacroix, Joe Hammer…
Belle promotion, vu le prestige de cette scène…
Oui, et le jour de la première à l’Olympia, Guy Delacroix
m’a dit : « Tiens, y’a un copain qui vient ce soir qui
s’appelle Michel Coeuriot, c’est le réalisateur d’Alain
Souchon. Il cherche des musiciens alors je lui ai parlé de toi
». Déjà, j’avais la pression de jouer à
l’Olympia pour la première fois, en plus y’a un mec
qui venait voir ce que je valais pour monter la prochaine tournée
Souchon !
Et c’est le début d’une longue collaboration
avec Alain Souchon.
Très longue, oui.
Fidèle ?
Oui, on peut dire ça. En fait, au début j’étais
seulement un guitariste de scène. A l’époque, il venait
de finir en studio l’album « c’est comme vous voulez
» où jouait le gigantissime Patrice Tison. Je me retrouvais
à jouer des parties de mecs que j’idolâtrais. J’ai
ensuite joué de plus en plus de guitare pour Alain, jusqu'à
l’album « c’est déjà ça ».
Toutes catégories confondues - et je peux dire que j’ai joué
sur un certains nombre de disques !-, c’est l’album où
je me retrouve le plus.
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