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Dagoba en interview master-class

Dagoba, le mur du son metal en démo

A l'occasion de la sortie de leur nouvel album What Hell is about sorti en mars dernier, nous avons rencontré Izakar, le guitariste de Dagoba, groupe marseillais ayant écumé la plupart des scènes metal européennes. L'occasion était trop belle pour filmer une petite démo mais argghh...pas de caméra sous la main, juste un appareil photo qui nous a heureusement permis d'immortaliser une petite séance de démos....Allez, on va dire que les bons conseils d'Izakar, avec en plus un défi metal qui vous attend, compenseront la qualité du son et de l'image...

Peux-tu nous présenter Dagoba… vous avez beaucoup tourné sur la scène metal…
On a fait une centaine de dates l'année dernière. On a fait des dates sur Marseille pendant des années, on jouait jusqu'a deux fois par mois, on a écumé toutes les petites salles, puis on a commencé à avoir des échanges avec l'extérieur. On a grappillé de la distance jusqu'au premier EP, puis à partir de là, on a tourné de plus en plus loin, dans toute la France, puis en Suisse et en Belgique.

La scène métal est plus grosse là-bas ?
Par rapport à la France, elle est plus développée comparativement à la taille des pays. Il y a là-bas une bonne réponse au niveau du public. On a joué deux fois en Hollande, des concerts assez marquants car c'était avec Fear Factory et avec Samael, avec une date de 1000 personnes. On a aussi joué avec Machine Head, avec Korn à Toulon…

Tu as des souvenirs de tournées à partager ?
Ce n'est pas toujours facile au niveau des conditions. Si tu dois faire 30 minutes et que tu dépasses, les techniciens commencent à te débrancher à 30 minutes. Ca ne nous empêche pas de faire de bons concerts, et de continuer à apprendre.

J'ai un bon souvenir de Machine Head, avec qui ça s'est bien passé humainement. Ca nous a ouvert des portes pour la Scandinavie. C'est une région où le métal est populaire, mais c'est malheureusement peu peuplé. En le dernier soir de la tournée, au Zet Sept, on a tout donné.

On a aussi joué à Londres, le soir même où Machine Head tournait un DVD à l'Astoria, et c'était bien. J'ai également de super souvenirs de la Laiterie à Strasbourg, une super salle pour le métal !


Comment s’est passée la réalisation de votre dernier album ?
Le label marseillais Season of Myst nous donnait accès à ce qu'on voulait pour enregistrer, ainsi que la possibilité d'avoir une distribution internationale. On est parti un mois au Danemark avec le producteur que nous voulions, Tue Madsen qui a fait quelques grosses productions. On a passé un mois chez lui.

Vous composez comment ?
Notre chanteur arrive avec 70% des compos, et le groupe considère qu'on peut commencer à attaquer la compo quand on a trois riffs qui s'enchaînent bien. Un riff isolé peut servir, mais pour nous, la base, c'est trois riffs minimum. On tient assez à ce coté Rock ‘n’ Roll de la musique. Beaucoup de groupes veulent renouveler le style, sans penser qu'il y a encore de belles choses à faire avec le bon vieux refrain couplet refrain. C'est ça qui fait qu'une chanson reste dans la tête.

Certains diront qu'on est des vendus, mais en concert, le public reprend les refrains en choeur. On ne fait pas ça par démarche commerciale. Mais on n'est pas non plus dans un concept particulier, à ce niveau là de la composition. Les groupes qui nous ont influencés procédaient comme ça. On essaie donc d'innover plus par les instruments qu'on apporte, que par la structure. Car en devenant complexe, elle peut porter préjudice à la chanson.

Cliquez sur l’image pour un exemple de riff à la Dagoba (0.4 Mo, format .wmv)


Cliquez sur l’image pour la vidéo sur la technique main droite d'Izakar (9,7 Mo, format .wmv)

Si on ne retient rien d'une chanson, c'est dommage. Les groupes que j'écoutais, Metallica, Pantera, Machine Head, ont toujours une super intro, un bon couplet et un bon pré-refrain, puis un refrain qui explose, un pont qui réexpose les riffs dans un autre sens.

On a compris qu'avec des structures identiques, mais des riffs différents, on pouvait faire des chansons de trois ou sept minutes. On fait également attention au tempo. On a tendance à aller de plus en plus vite avec le temps, mais on fait attention à ce que ça ne devienne pas monotone.

On adapte le tempo selon le but de la chanson. Dans une même chanson, on peut également le varier selon que le riff passe de doubles croches à des croches. En s’intéressant à la théorie musicale rythmique, on arrive à varier les ambiances.

Cliquez sur l’image pour la vidéo sur l'un des riffs d'Izakar (4 Mo, format .wmv)

Tu parles de théorie, quels sont vos acquis ?
On a tous des bases. Moi j'ai fait du piano, et on s'est rendu compte que pour communiquer, ces bases étaient le seul moyen pour se comprendre vite. Comme on travaille souvent au click, si je dis "tu pars en double croche", c'est clair. Ca reste des notions rythmiques de base. Mélodiquement par contre, on est plus sur l'instinct. Notre chanteur entend tout ça en même temps qu'il crée les riffs.

D'ailleurs, comme il est guitariste depuis peu, il sort des trucs complètement tordus d'un point de vue technique, et j'ai parfois du mal à les rejouer. Je suis toujours en train de découvrir de nouvelles façons de faire passer ces riffs.

Pour composer, je trouve d'ailleurs que son approche de l'instrument est plus fraîche. Parce que quand j'essaie de trouver des riffs, vu que j'en ai tellement bossé chez mes groupes favoris, parfois je retombe sur un super riff, mais mince, c'est de Pantera... J'arrive généralement à trouver le riff qui manque, le pont, on se complète dans le groupe.

Notre batteur nous fait sonner puissamment comme on aime, le chanteur fait des mélodies accrocheuses, et ensemble, on essaie de mettre en places des "saccades" comme on dit, pour créer un mur de son pour le public.

Cliquez sur l’image pour la vidéo sur l'un des riffs d'Izakar (4,7 Mo, format .wmv)

Vous avez procédé comment pour enregistrer ? Le son de gratte est assez énorme !
Pour enregistrer, je fais quatre prises de guitares, parce que seulement deux pourraient laisser croire qu'on est deux guitaristes dans le groupe, alors que je veux donner un son de groupe. Notre groupe a une grosse énergie sur scène, on a donc voulu garder ça sur le CD. C'est pour ça qu'on évite la surproduction, qui peut éloigner notre son de ce qu'il est vraiment. D'ailleurs, le réalisateur Tue Madsen a bien compris ça, il n'a quasiment rien édité.

Par rapport au premier album, je suis super content de mon son de gratte. Je joue sur un modèle Baryton du custom shop ESP, avec des micros EMG, ainsi que sur les amplis Laboga, qui me donnent un son super défini, un peu dans le style du 5150 de Peavey (ndr : rebaptisé 6505 depuis).

Les caissons aussi y sont pour beaucoup, ce sont des là encore Laboga, avec des Celestion Vintage 30. Si je pouvais avoir quatre caissons 4x12 sur scène, je serais super content, là, je me contente de seulement deux. Ils ont une grosse diffusion.

J'aime bien ces haut-parleurs parce que même si on est accordé bas, la guitare reste dans le registre medium et aigus. Ca m'aide à rester dans cette zone, et ne pas apporter trop de basses et d'aigus.

Cliquez sur l’image pour la vidéo sur la description de l’ampli Laboga (2.4 Mo, format .wmv)



Le travail du son est important mais bien répartir tous les instruments sur scène comme sur le CD est difficile. Vous avez eu une réflexion particulière sur la répartition des fréquences pour chaque partie du groupe ?
Oui, à force de bosser en studio, on s'est dit que ça serait idiot de jouer seulement dans le grave. Parce que quand on voit des groupes qui font ça, on n'entend rien une fois qu'on les voit sur scène. Il vaut mieux répartir ces fréquences selon les instruments.

On peut s'accorder bas, avoir une égalisation agressive, et rester clair. On a un batteur qui joue avec des triggers, qui apporte beaucoup en aigus et en basses. Du coup, avec la basse, la guitare, et la batterie, quand on attaque ensemble une série de doubles croches, ça fait mal !

On a donc pas mal travaillé ça, et de toute façon, cette réflexion sur le son reste le meilleur moyen de reproduire ce qu'on fait en studio.

Y'a aussi des séquences, qui s’en occupe ?
Oui, c'est le chanteur du groupe qui les programme, elles tapent dans toutes les fréquences, avec beaucoup d'infrabasses, notamment sur un sample qu'on a récupéré de Fear Factory. Si on n’est pas précis au départ, c'est dur de garder un mix correct quand ces parties arrivent, tout ça fait une grosse masse sonore en façade.

Il vaut donc mieux que nous gardions bien notre terrain de jeu en terme de fréquences. Notre but reste que l’ensemble basse/batterie/guitare forme un mur bien audible. Sur scène j'aimerais vraiment pourvoir mettre quatre caissons d'ailleurs, pour faire un vrai mur (rires)…


Le site de Dagoba :
http://www.dagobaonline.com

Le site des amplis Laboga (import en France par www.mymusic.fr)
http://www.laboga.pl/

Guitare Live et Dagoba vous proposent par ailleurs en avril 2006 un défi metal dans le style du groupe, où l'idée est de se greffer sur une rythmique ultra speed en distorsion...Un défi très difficile, qui va faire fondre plus d'un médiator vu le tempo...

Publié dans le magazine N° 16 de Avril 2006


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